Il est de la scène politique camerounaise comme des eaux d’un lac. Celles-ci sont dormantes, mais à redouter parce que nul ne peut en deviner la profondeur réelle. Mais, bien que calmes, un caillou jeté dans les eaux d’un lac produit des ronds, des ondes circulaires autour de l’impact, lesquelles se propagent. En transposant la métaphore des ondes dans le domaine de la sismologie, on parlera de répliques, c’est-à-dire de tremblements de terre qui surviennent après un séisme majeur.

Nous avons la faiblesse de considérer le renoncement de Ni John Fru Ndi à se présenter à la prochaine présidentielle et l’élection du premier vice-président du Social Democratic Front (SDF), Joshua Osih, pour porter l’étendard de cet appareil partisan à ce scrutin, comme deux événements à charge sismique sous notre ciel politique. Non pas parce qu’ils ouvriraient automatiquement et royalement les portes du palais de l’Unité au principal parti de l’opposition (c’est absolument naïf de le penser), mais parce qu’ils sont porteurs de transgression citoyenne et de modernité démocratique.

Dans un univers politico-gouvernemental confisqué par une vieille garde, qui, fort de son ascendance et des prodigalités de l’Etat, s’est formée à bonne école, est arrivée et s’est maintenue aux affaires, en ayant que très rarement la lucidité de préparer la relève, l’acte posé par Fru Ndi (77 ans), qui a décidé de « céder sa place à des cadets », est un pied de nez à la gérontocratie régnante.

Bien que battu trois fois (1992, 2004 et 2011) à l’élection présidentielle, le chairman aurait pu choisi de dire aux jeunes loups de laisser encore les gens de la même génération s’affronter pour la magistrature suprême. Il aurait pu arguer de son image totémique, qui irradie toujours le « parti de la balance », pour briguer à nouveau la candidature à la présidentielle. Mais il a pris ceux qui le disaient irrémédiablement «assoiffé de pouvoir» de court. Cette posture lui assure une certaine expiation de ses « pêchés » et, partant, une nouvelle virginité politique.

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Joshua Osih parle à Fru Ndi

A Joshua Osih (49 ans), qui a su attendre son heure, de ne pas décevoir les espérances, qui viennent principalement des milieux jeunes. Parfait bilingue, cette belle mécanique intellectuelle, devra surtout s’atteler à se défaire de la tunique de « pion du système », qu’on lui prête du fait de ses liens d’affaires supposés avec le cabinet civil de la présidence de la République.

Conforté par sa légitimité au sein du SDF, il devra trouver l’alchimie pour faire la différence devant d’autres candidats à poigne qui surfent sur la conjoncture anglophone et qui font les yeux doux aux jeunes ; même si en l’état actuel de la situation, une coalition (souhaitable) entre des leaders de l’opposition n’est pas à écarter. D’ailleurs, elle et elle seule peut inquiéter le candidat du parti au pouvoir, dans l’hypothèse d’un scrutin majoritaire à un tour.

Au demeurant, le mouvement tectonique qui prend naissance à Bamenda va installer au sein des autres formations politiques la réflexion sur l’alternance, mieux l’alternative en interne. L’objectif étant de s’affranchir du paradigme des « présidents fondateurs » considérés comme des hommes providentiels, ou de s’émanciper de l’idée éculée, selon laquelle « ce sont les vieilles marmites qui font de bonnes sauces ». Il doit surtout remettre au goût du jour le débat sur le thème « faire la politique : un métier ou une mission ? ». A notre sens, la politique est plus une mission qu’un métier. A ce titre, à un moment donné, il faut envisager la retraite. Power to young people !

 

Georges Alain Boyomo, Muatations

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