Inspiré par l’arrestation au Cameroun de l’écrivain Patrice Nganang puis son expulsion, le philosophe Achille Mbembe s’interroge sur la place de l’intellectuel dans le champ politique, les moyens de résister à une dictature et comment imaginer le changement.

De la fin de la période coloniale jusqu’au début des années 1990, la grande majorité des Africains vivaient sous des régimes civils ou militaires. Capitalistes ou socialistes, les adjectifs importaient peu. La décolonisation n’ayant guère ouvert la voie à la démocratie, il s’agissait généralement de régimes de parti unique à la tête desquels se trouvait un tyran. En Afrique australe, où les Européens avaient établi des colonies de peuplement à diverses phases de la longue expansion impérialiste, la ségrégation raciale était la loi. Les Nègres n’étaient tout simplement pas des sujets politiques de droit, et tout le reste découlait de ce principe fondamental.
Après la chute du mur de Berlin, d’importants mouvements protestataires portés pour l’essentiel par une coalition hétéroclite de forces autochtones avaient conduit à une relative libéralisation du champ politique, à la fin des partis uniques et à l’arrimage de nos économies aux principes du marché. C’était dans la foulée du déclin et de la disparition du communisme en Europe de l’Est, avant ce que l’on appellera plus tard « les printemps arabes ».

Le futur bloqué
Près d’un quart de siècle après ces expériences de mobilisation, le paysage n’est guère reluisant. Aujourd’hui, à peine cinq Etats postcoloniaux peuvent se targuer d’être des régimes véritablement démocratiques. Pour tous les autres, la démocratie demeure une métaphore. Certes, les coups d’Etat militaires sont devenus rares, mais dans bien des cas, la politique est toujours vécue comme une forme à peine simulée de la guerre, tandis que la force armée en tant que telle est loin d’être le monopole des Etats constitués. Les marchés de la violence ne cessent de proliférer, et le fusil est en passe de devenir un outil de travail comme un autre.

Marche Ambazonie

Achille Mbembe est professeur d’histoire et de sciences politiques à l’université du Witwatersrand. Son dernier ouvrage, Politiques de l’inimitié, a été publié aux éditions La Découverte.

Lire l’article au complet: http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/12/28/le-lumpen-radicalisme-et-autres-maladies-de-la-tyrannie_5235406_3212.html#FqdK0ig6wcgDtJCg.99

 

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