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LETTRE A ACHILLE MBEMBE : INTERLOCUTEUR VALABE DE MACRON   – Icicemac

LETTRE A ACHILLE MBEMBE : INTERLOCUTEUR VALABE DE MACRON  

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Cher frère khamit et par ailleurs aîné à plus d’un titre, je viens vous saluer chaleureusement et vous dire combien je suis honoré de pouvoir vous écrire. Oui c’est un honneur pour moi d’imaginer que je pourrais être lu par mon idole et mon modèle. Certes, je ne vous ai pas personnellement physiquement connu. J’ai entendu parlé de vous et votre parcours m’a inspiré. Sincèrement, peu importe ce que cette missive porterait de compréhensible, audible, visible et admissible ou pas, vous êtes de cette génération d’hommes et de femmes donc la trajectoire peut permettre un éveil de conscience et une véritable renaissance de notre continent.  

L’idée de vous adresser cet épître m’est venue à la suite de l’intérêt que le Président de la Gaulle et de la France-Afrique a porté sur votre personnalité en vous  confiant la mission de « préparer l’échange libre et sans tabou » entre le Président et la société civile lors du prochain sommet Afrique-France de Montpellier en juillet 2021. Une tâche à la fois délicate, exaltante, passionnante mais surtout difficile. Oui votre mission « Manyan » est très complexe et difficile. Je vais vous dire que pour ma part je vous fais entièrement confiance, car je sais combien vous êtes habitué et armé pour la gestion des questions d’une telle complexité. C’est la raison pour laquelle je ne pouvais pas manquer l’occasion de vous l’exprimer.  

Cependant, laissez-moi vous dire que le choix du Président Emmanuel Macron m’a surpris et je me suis mille fois demandé pourquoi et dans quelles perspectives veut nous entrainer une fois de plus cet autre héritier de Capet, Pépin le Brèf, Colbert, Napoléon et De Gaulle ? La France a-t-elle vraiment besoin d’un échange avec les Africains pour savoir ce qui ne va pas entre Elle et l’Afrique ?  

C’est l’une des premières questions qui me soit venue à l’esprit et je crois que vous vous l’êtes aussi posée. Car vous affirmez « J’ai accepté d’accompagner ce geste, d’être là au moment où l’on se met en route, d’abord par curiosité intellectuelle, mais aussi pour veiller à ce que ce ne soit pas un simple exercice de communication ».  

Laissez-moi vous dire cher aîné que personne ne peut remettre en cause ni vous denier le droit à la curiosité intellectuelle. Mais de là à penser que vous pourriez empêcher que ce ne soit qu’une simple opération de communication pour l’empire français, je reste dubitatif. Que pouvez-vous réellement faire pour éviter qu’il en soit ainsi. La communication elle a déjà pris, E. M. est déjà perçu comme celui qui voudrait faire bouger les lignes du moins pense-t-on.  

Je m’empresse de vous écrire ces quelques lignes parce que j’ai peur que votre agenda ne soit pas identique du moins dans son contenu à celui du Roi Soleil en ce vingt-unième siècle. Oui j’ai une vague impression du déjà vu, entendu et vécu à Brazzaville, à la Beaule ou ailleurs avec des acteurs presqu’identique à des générations différentes. Hier ce fut avec Blaise Diagne, puis Senghor et Houphouët et aujourd’hui vous.  

J’ai la vague impression que, Macron et Mbembè, vous vous comprendrez-mieux à la fin du sommet en juillet quand tout rentrera dans l’ordre du statuquo ante. Déjà je ne suis pas certain que vous et votre hôte ayez la même compréhension des concepts avancés dans le cadre de votre mission. Vous et Macron parlez de :  

  • Echange libre et sans tabou ;  
  • Histoire Commune ;  
  • Fondamentaux de la relation entre la France et l’Afrique (Afrique et le France) ;  
  • Aggiornamento intellectuel ;  
  • Propositions fortes ;  
  • Société Civile ;  
  • Jeune Génération ;  

Je préfère m’arrêter là en ce qui concerne les notions et expressions autour desquelles je crains de dire que vous et votre commanditaire n’avez pas la même compréhension. Je ne me fie qu’à mon intuition et j’espère me tromper, ce que je souhaite d’ailleurs car mon vœu le plus cher est de voir l’Afrique libérée de l’exploitation et du pillage de la France.  

Commençons par l’Echange Libre et sans tabou, pensez-vous vraiment qu’un échange organisé de manière unilatérale par un bourreau qui décide du choix des interlocuteurs sans l’avis de ses victimes peut être qualifié de libre sans tabou ? Moi je n’en suis pas convaincu. Je ne connais pas dans l’histoire de notre humanité, un seul exemple qui puisse me convaincre de la liberté dans un tel contexte. Comment un bourreau peut-il prétendre être disposé à solder un différend avec les ayant-droits de sa victime, en écartant de la table de discussion, les héritiers légitimes de cette victime, pour s’en remettre à des tiers affinitaires ? Je trouve cela très curieux et j’ose espérer que ça fait partie des éléments qui ont titillé votre curiosité intellectuelle.  

Venons-en à l’Histoire commune, celle du seigneur et de ses esclaves. Là encore cher aîné notre vécu et notre culture nous conseillent de nous méfier des attitudes des maîtres car ces derniers ne seraient jamais délibérément disposés à mettre fin à l’esclavage. Il s’est toujours agit d’une conquête des libertés et elle se fait sans concession aucune et souvent dans la violence. La révolution française en est une parfaite illustration. Il n’est pas question d’une mise à jour pour une modernisation des rapports coloniaux. La démarche est simple et claire on met fin à l’exploitation de l’Afrique par la France ou on la continue sous une autre forme.  

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Pour Macron, et vous semblez y souscrire : Il y a déjà un cadre et, on peut l’améliorer et le refaçonner…. Le futur commun entre l’Afrique et la France ne se construira pas avec des vieillards. Il Faut s’inscrire dans une perspective de long terme, parier sur les générations nouvelles et composer avec les forces vivantes et créatives des sociétés elles-mêmes.  

Lorsque j’ai parcouru cette partie de votre interview, laissez-moi vous le dire sincèrement cher aîné, j’ai pouffé de rire.  La jeune génération, les vieillards, les forces créatives, comme si tous ces éléments ne faisaient pas un tout dans chaque nation. Macron, lui-même en France, a-t-il fait avancer la Nation française vers la modernité au nom de laquelle il a été élu. Ne l’a-t-on pas retrouvé englué dans le cafouillis de la Françafrique ? Face aux gilets jaune, n’a-t-il pas appelé au secours ses propres vieillards au cours d’un « dîner des Présidents » pour qu’ils l’aident à trouver des solutions ? Pourquoi pensez-vous qu’en Afrique où nous vivons avec nos vieillards à la maison, nous soyons obligés de les écarter de la vie de la république ?
La jeunesse est-elle un gage de compétence ? Moi je n’y crois pas et j’en tiens pour preuve la gestion de Macron votre hôte. A-t-il fait mieux que De Gaulle, Mitterrand ou Chirac je ne crois pas. Vous allez évoquer le contexte, mais justement c’est la difficulté qui doit révéler les grands hommes.  

Vous dites que ce qui affaiblit les Etats africains, ce n’est pas le fait que, dans les dialogues internationaux, l’on cherche désormais à écouter ou à consulter tous les concernés et tous les ayant-droits. Ce qui les fragilise, c’est le verrouillage institutionnel, le trucage des élections, l’embastillement des opposants, à quoi il faut ajouter une classe parasitaire qui vit essentiellement de la corruption. Ouf !  

Oui cher aîné Ouf ! Vous avez évacué la cause du mal pour vous intéresser à des choses qui sont tout au plus des conséquences lointaines de ce que vous avez vous-même plus d’une fois évoqué et développer « L’esprit de Berlin », faire de l’Afrique ce qu’on veut pour le bonheur des autres peuples, sans les africains, au besoin contre eux et leurs intérêts. L’initiative de Emmanu Ier est en droite ligne avec cette conception. Les éléments que vous avez convoqués comme étant cause de la fragilité de l’Afrique n’en sont pas l’exclusivité. On peut en faire un panorama de l’Israël avec Netanyaou, aux USA de Donald Trump sans oublier les affaires franco-françaises de Chirac à Sarkozy.  

Cher aîné et je vous le dis du fond de mon cœur et avec surprise mais sincérité, vous avez fait faux, la fragilité des Etats africains est conséquence des indépendances de façade à eux octroyées par la France avec l’exclusion d’une frange de la population, l’ensemble des nationalistes qui ont été soit assassinés soit embastillés par le gouvernement français. Le cas du Cameroun qui avait constitué un élément de base de vos études d’historien l’a clairement démontré. Je vais vous inviter à revisiter les écrits de Ruben Um Nyobè titrés Les Vraies Solutions pour une Détente Politique et Morale au Kamerun, préfacés par François Sengat-Kuo. Car votre position ressemble un peu à celle des « interlocuteurs valables » que la France faisait intervenir auprès du Conseil de tutelle chaque fois que l’UPC devait y passer pour poser le problème national camerounais. Voyez-vous, la France alors employé de l’ONU refusait de discuter directement avec les représentants les plus légitimes du peuples camerounais et africains et s’arrangeait à avoir ses camerounais de service. Ils étaient tout aussi brillants que vous et souvent plus diplômés et nantis que les nationalistes ; mais il n’en demeure pas moins qu’ils travaillaient pour la France et non pour le Kamerun. Le Malheur a voulu que les patriotes camerounais aient triomphé, oui et ça on ne le dit pas souvent assez. Pendant que la France se préparait à construire savamment sa « Communauté, la Françafrique » et on ne le dit pas clairement, la 19ième session du Conseil de tutelle avait acté le principe de l’indépendance du Cameroun. En déclarant : Le Conseil prend note avec intérêt qu’au cours de la campagne électorale toutes les opinions se sont exprimées et que ceux qui devaient devenir les chefs de groupe de la majorité et de la minorité à l’Assemblée Territoriale se sont déclarés en faveur de l’indépendance comme but final à atteindre par le Territoire…».[1]     

Ça, vous le savez certainement mieux que moi, raison pour laquelle je préfère m’accrocher à l’argument de la curiosité intellectuellement et du travail d’universitaire que vous devez continuer   de faire indépendamment de l’urgente nécessité de travailler à la renaissance endogène de l’Afrique. Comme l’échange de Montpelier se voudrait être un échange sans tabou, il va s’en dire qu’on peut aisément y introduire des préalables. Je voudrais que ces préalables passent pour des « motions », en ancien militant de la Jeunesse estudiantine Chrétienne, vous comprenez bien où je veux en venir. Mieux, il s’agirait d’éléments devant établir la bonne foi de votre hôte et interlocuteur, auquel vous prêtez l’intention de vouloir faire bouger les lignes. En fait, alors que la nasse se resserre autour de l’Afrique avec des fils devenus de plus en plus invisibles du fait de la nanotechnologie, vous vous les voyez se desserrer. Macron tourne en rond comme avant lui Mitterrand et Hollande. A coup de discours et de déclarations il feinte, zigzague mais garde le cap, qui est clair pour lui : ne pas lâcher l’Afrique. Nous, les Africains, devrions avoir compris le jeu depuis des siècles. Mais comme je m’adresse à un frère africain, mandaté par mon bourreau d’hier, et d’aujourd’hui, fidèle à l’humanisme qui a toujours caractérisée mes pairs dans le combat nationaliste panafricain, je reste ouvert au dialogue.  Je pense qu’il y a des questions pour lesquelles, la France, si elle est un tant soit peu respectueuse de la dignité humaine et des droits de l’homme, n’a pas besoin d’un sommet pour poser des actes qui relèvent de la contrition.  

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Voici Ces Préalables ou Actes de Contrition  

Le Premier des actes de Contrition que la France devrait poser est de laisser la Monnaie africaine aux africains. Qu’est-ce qui peut expliquer qu’elle tienne absolument à gérer le Franc cfa et de battre la monnaie en circulation dans quatorze pays du continent. Or le Ghana a été mieux classé que cette même France en matière de gestion monétaire par la Banque mondiale plus d’une fois. Point besoin ici de rentrer dans les lugubres et scabreuses théories de la complexité de la gestion de la monnaie. Les autres peuples ne sont ni plus intelligents ni plus disciplinés que les africains pour disposer de leur propre monnaie et de la battre chez eux. La monnaie est une question de vie et de survie d’une nation qui est indépendante. Elle est même le premier moyen d’expression de sa souveraineté, le débat à ce sujet avait été tranché milieu du 19ième siècle lors de l’indépendance des colonies britanniques d’Amérique du Nord. Si Votre interlocuteur est sincère et engagé comme il le prétend, il doit sans délai laisser les africains prendre entièrement en main leur souveraineté monétaire et faire rapatrier illico les réserves de change en Afrique. L’Afrique de l’Ouest a pris les devants et nous voyons tous qui entrave la marche vers la création de la monnaie ouest-africaine.  

Le Deuxième Acte de contrition est la reconnaissance des soldats africains de l’Armée de la France Libre. Une coquille vide qui prit effectivement corps dans les mangroves du Wouri avec l’aide des dizaines de milliers de camerounais et autres tchadiens, gabonais, congolais centrafricains, maliens, nigériens, béninois, togolais, ivoiriens, tous baptisés sénégalais, dépossédés de leurs soldes et pécules dès la fin de la guerre et pour certains massacrés à Tcharoye. J’espère que parmi vos invités il y aurait un spécialiste pointilleux de la finance qui pourraient rapidement vous donner le montant dû par la France à l’Afrique pour ces quelques 150.000 hommes. Moi j’avoue que je ne suis pas doué en calcul, mais étant tous encore français au moment de la démobilisation en 1945 ils devaient être payés en franc métropolitain. J’ai pris la parité d’avant qui voulait qu’un franc français fût équivalent de cinquante francs des colonies. Pour une solde de mille francs les soldats démobilisés devaient percevoir 50.000, or ils ont continué à percevoir 1000 francs et la France gardait en caisse 49.000 francs, vous multipliez par 150.000 et par douze mois et vous avez le montant annuel.   Vous avez le montant faramineux de (7 350 000 000) sept milliards trois cents cinquante millions par an. Multipliez- le par soixante ans environ et dites-moi qui de la France ou de l’Afrique est débitrice de l’autre. Quand vous aurez fait votre calcul, puisque le mien est non seulement minimaliste, mais aussi un peu faux, je l’admets volontiers, demandez à votre hôte de décristalliser le montant dû et de le reverser dans les banques centrales des pays d’origines des soldats de la France Libre, afin que les ayant-droits en prennent possession. Les intérêts, nous les engageons volontiers comme frais de gestion du compte séquestre desdits fonds par la France. Ce n’est pas de la générosité mais de la justice et de l’équité, nos parents et grands-parents ont été spoliés de leurs droits de soldats français, la France se doit de le reconnaître et de restituer aux ayant-droits l’argent qui est le leur. Nous lui concédons volontiers une partie des fonds générés par la cristallisation, le terme est de Chirac, de ces milliards de francs.  

Le Troisième acte de contrition est parmi ceux qui fâchent le plus, la reconnaissance des crimes coloniaux. Il n’est pas besoin de commettre une commission d’experts pour connaitre les forfaits et les victimes, il y a non seulement les rapports des services français qui pilotaient les différentes opérations de cette répression et les rapports des services des territoires devenus indépendants, sur tous ces forfaits. Je m’en vais prendre l’exemple de notre pays le Cameroun et rappeler quelques faits et noms des victimes. On peut commencer avec les évènements de mai 1955, puis ceux de 1956. On évoquerait volontiers les assassinats ciblés des leaders Ruben Um Nyobè le 13 septembre 1958, Castor Ossendè Afana le 15 mars 1966, Ernest Ouandié le 15 janvier 1971, Félix Roland Moumié 03 novembre 1960 la liste est longue et connue. L’exercice auquel Emmanuel vous convie est en fait à mon avis un appel à l’aide, une esquive de mousquetaire. Mais je pense, vous connaissant, que vous pourriez sortir par la grande porte en le mettant face à la réalité et à la vérité des faits historiques.  

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Le Quatrième acte de contrition qui relève de l’équité culturelle et de notre prétendue histoire commune serait une facilitation des conditions de restitution sans délai des œuvres culturelles pillées par la France durant toute cette longue période d’exploitation de l’Afrique. La question de la capacité des africains à bien les conserver ne devrait même pas se poser. Lesdites œuvres étaient bien conservées avant leur vol en Afrique par la France. Mais en plus elles ont rapporté de l’argent à la France, donc celle-ci doit reverser au moins la moitié des revenus collectés dans les musées où ces œuvres étaient exposées pour financer les musées en Afrique.  

Cher aîné, je vous félicite déjà d’avoir été invité et mandaté par le président français pour essayer de sortir la France du bourbier africain dans lequel elle s’enfonce depuis près de deux siècles. Seulement je ne crois pas à la nécessité d’une messe organisée par la France pour l’Afrique.  

La première raison est simple ce n’est pas à la France de dire aux africains ce qu’ils ont à faire pour résoudre leurs problèmes. Oser encore le faire en ce début de vingt-unième relève d’un paternalisme rétrograde et rébarbatif. La France elle-même a suffisamment de problèmes, au point où depuis au moins deux décennies, tous ses présidents sont élus par défaut. En réalité Macron qui vous a invité doit se souvenir que les Français avaient choisi Marine Le Pen et que lui n’a eu la vie sauve au deuxième tour que grâce à un front qui prêchait « tout sauf Marine ».  

La deuxième est une simple question de bon sens, La France vaut-elle vraiment les cinquante-deux pays africains, je ne crois pas. La simple construction, et ces avancées sur le plan technologique et militaire peuvent être rattrapées et dépassées en une petite décennie. Si j’emprunte au langage courant, je dirais que même en revendant seulement un dixième de ses terres pour l’agriculture bio aux pays du BRICS qui lui tourne l’Afrique, l’Afrique (ex AOF et AEF) se retrouverait largement au-dessus de la France y compris sur le plan militaire.   

Il est temps que nous les africains, commencions à nous prendre au sérieux. Vous pouvez simplement adresser une missive à votre hôte, après concertation avec ceux que vous voudriez bien inviter et comme moi je le fais à l’instant, lui adresser un mémorandum des préalables de ce que l’Afrique attend de la France. C’est à l’Afrique d’inviter, si elle l’estime nécessaire, la France pour solliciter dans le cadre d’une coopération librement consentie, un appui ou un transfert de technologie dans un domaine ou un autre. Saisissez l’occasion de ce sommet de Montpelier pour le dire ouvertement et vertement à la France. Nous n’attendons rien d’autre, surtout pas une invitation, car certaines langues prétendent que tout en critiquant cette initiative, nous faisons des mains et des pieds pour y être. Eh bien je décline publiquement une invitation qui me serait destinée car j’estime, comme je l’ai dit à l’entame de mon épître, que le sommet France-Afrique est une insulte à l’Afrique. Par contre vous devriez inviter une délégation de l’Union des Populations du Cameroun, la vraie force militante qui a conquis l’indépendance du Cameroun. Car l’UPC a toujours sollicité un débat ouvert et sans tabou avec la France pour régler le « Contentieux Historique ». La France reste un partenaire mais, il est temps pour elle de faire son mea-culpa et d’en tirer de manière unilatérale les conclusions et les conséquences immédiates qui en découlent. Nous autres africains nous devons simplement prendre les décisions qui s’imposent dans le cadre d’une véritable prise en main de notre souveraineté et de notre indépendance réelle. Si cela passe par une rupture, ce que je crois nécessaire, comme l’a fait le Rwanda et bien il faut le faire. Le résultat est prévisible, la France révisera de son propre chef sa position et viendra à la table de négociation quand nous voudrions bien l’y inviter. Emmanuel Macron n’est-il pas en train de faire la cour assidue à Paul… ? Pourquoi et comment le Rwanda qui avait officiellement abandonné le français comme langue officielle a-t-il obtenu la direction de la francophonie et dans la foulée, la reconnaissance de la responsabilité de la France dans le génocide des tutsi. Simplement parce que Kagame a décidé de rompre avec la perpétuation du paternalisme et de la berlinisation de l’Afrique.  

L’Afrique n’a plus besoin de courir derrière la France, c’est l’inverse qui doit se faire et les prédécesseurs de Macron l’ont clairement dit. Si la France perd l’Afrique on ne parlera plus d’elle en termes de « Grande Puissance ».   

Cher Achille Mbembè, voici donc que l’occasion vous est offerte, pour être seul, l’interlocuteur de toute l’aristocratie et la bourgeoisie française réunies et de dire ce que l’Afrique ne veut plus être pour la France. Je vous fais confiance, j’espère que vous ne décevrez pas les espoirs des africains mais bien ceux de Macron. Sur ce, je vous souhaite bonne chance !  

SERGE SIMON SOHO  

Militant de L’UPC et de l’ALLIANCE PATRIOTIQUE  

Membre de l’ASSOCIATION DU 27 AOUT  


[1] Ruben Um Nyobè, Les Vraies Solutions, Paris, Bibliothèque Nationale, P.22.  

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