APRES L’ECHEC DE LA DSCE QUELLE CHANCE POUR LA SND30? « Le pouvoir de Yaoundé inaugure un gadget pour distraire l’opinion»

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Dans nos précédents billets, nous vous avons sommairement présenté le nouveau cadrage économique du gouvernement dénommé Stratégie Nationale de Développement pour la période 2020-2030 (SND30), en remplacement de la DSCE qui a lamentablement échoué. Il a été officiellement présenté au public la semaine dernière par le ministre de l’Economie et de la Planification, Alamine Ouamane Mey. Comme nous l’avons déjà dit, il n’est rien d’autre qu’un nouveau gadget et pour vous faire comprendre que nous ne sommes pas les seuls à penser ainsi, nous vous faisons partager une analyse de l’économiste Christian Penda Ekoka piquée sur sa page facebook en guise de billet de la semaine.

« Le pouvoir de Yaoundé inaugure un gadget pour distraire l’opinion, après avoir lamentablement échoué dans ses précédents programmes de planification.

Le nouveau gadget économique et de planification du Cameroun se présente sous la forme d’une «Stratégie nationale de développement» (SND). Edité par le ministère de l’Économie, de la Planification et de i’Aménagement du territoire (Minepat), ce Vadémécum décennal ambitionne de retracer «les lignes directrices devant orienter les efforts de développement pour l’atteinte des objectifs fixés dans la Vision 2035».

Prenant en compte les recommandations du Grand dialogue national (GDN), on le présente comme «le fruit d’un large processus consultatif avec notamment l’implication et la participation des différents acteurs de développement et des populations à la base».

De façon ramassée, la SND ambitionne de procéder à la transformation structurelle de l’économie nationale en opérant des changements fondamentaux dans les strates productives, industrielles, financières, , administratives, sociales et environnementales. C’est donc la clé de I’«émergence à l’horizon 2035».

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Ladite Stratégie vient remplacer le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), adopté en avril 2003 et son contemporain, le Document de’ stratégie pour ia croissance et l’emploi (DSCE) intervenu en 2009. Ce dernier indicateur portait sur une croissance économique soutenue pendant ses 10 ans d’application, pour atteindre une croissance moyenne de 5,5% sur la période de planification.

Au terme de son application, fin 2019, le gouvernement confessait n’avoir pas atteint de manière totalement satisfaisante, le taux de croissance moyen de pointant à seulement 4,5%. Dans le même temps, le recul de la pauvreté trônait lamentablement à 3%, contre des projections de 10%.

Les pouvoirs publics, droits dans leurs bottes, ont trouvé des boucs émissaires de choix pour expliquer les deux échecs consécutifs : le choc exogène, consécutif à. la chute des cours du pétrole, mais également les crises sécuritaires à I’Est, à l’Extrême-Nord, au Nord-Ouest et au Sud-Ouest. Avec la fin de la mise en application du DSRP, le gouvernement confessait déjà, en 2009, que «le profil général de croissance est resté en retrait du niveau espéré pour résorber substantiellement la pauvreté». Il est pourtant resté constant, dans ses slogans autour des «grandes ambitions», des «grandes réalisations» puis des «grandes opportunités».

A l’heure où s’inaugure la nouvelle arnaque, on ne parle plus de faire accéder le Cameroun au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche haute. La SND. apprend-on, est conçue pour «mieux articuler la stratégie avec l’agenda mondial des Objectifs de développement durable (ODD), mais aussi pour stabiliser les horizons de planification et intégrer les retards enregistrés (sic) dans la mise en œuvre du DSCE».

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Opérationnalisant la 2ème phase de la Vision économique du gouvernement, on jure qu’elle «est en cohérence avec les objectifs de l’agenda 2030 sur le développement durable et prend également en compte les grandes orientations des autres agendas supranationaux (…)».

Si le document évoque au passage les défis de la gouvernance institutionnelle et de la décentralisation, il survole aussi, juste pour la forme, la poursuite de la lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics. Il annonce, comme le serine déjà le discours officiel depuis des années, l’intensification de la prévention des atteintes à la fortune publique, la réduction de la manipulation des liquidités, la mise en place d’un dispositif efficace d’alerte en matière de corruption et de détournements de fonds publics, la systématisation de la redevabilité dans la gestion des affaires publiques et la prévention des conflits d’intérêts.

Afin de relever la gouvernance économique, les autorités prendront, prévient-on, des mesures vigoureuses portant sur la modernisation de la gestion des finances publiques, l’amélioration de la gestion de la dette, la rationalisation de la gestion des établissements et entreprises publics, l’amélioration du climat des affaires, le renforcement de la coopération et du partenariat au développement, la contribution de la diaspora au développement, la régulation ainsi que la surveillance de l’espace économique national.

Un disque rayé, éculé par 38 ans d’un système ayant lui-même secrété le poison des multiples travers ayant littéralement mis le pays à genoux. On ne compte plus le nombre de stratégies, comités, commissions sectoriels mis en œuvre à ce jour, censés porter le Cameroun sur le chemin d’une croissance macroéconomique inclusive, soutenue et résiliente.

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La faute à une conception de modèle économique de laboratoire, dévoyée, plus préoccupée à impressionner par ses grands principes qu’à bâtir dans la durée. Si le gouvernement indique avoir procédé à une large consultation, nulle par il ne précise en quoi les principaux partenaires locaux, que sont le Groupement interpatronal (Gicam) ou encore la société civile, auront été auront été d’un apport afin d’aboutir à une SND consensuelle. Pour laquelle chacun aura engagé sa base pour une mise en application consensuelle.

Le nouveau gadget est annoncé alors qu’aucune évaluation froide, conséquente de ses devanciers, n’a été faite. La véritable transformation structurelle de l’économie camerounaise attendra ».

Source: E.FOPOUSSI FOTSO

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