Cameroun: Enlèvement de Patrice Nganang la société civile en branle

0 270
Qu’en date du 06 décembre dernier, au terme d’une cérémonie de remise d’un important don de matériel médical et une banque de sang à l’hôpital de district de santé NewbellDouala, Patrice NGANANG, résidant aux Etats-Unis, Professeur de Théorie littéraire au sein du département Cultural Studies & Comparative litterature à l’Université de Stony Brook, dans l’Etat de New York, s’est retrouvé à l’aéroport international de Douala où il
devait embarquer pour Harare (Zimbabwe) afin de rejoindre son épouse;
Qu’au terme des formalités d’enregistrement, l’enseignant des universités n’a pas pu monter à bord du vol KQ77 de la Kenyan Airways qui devait décoller à 12h10mn à destination de Harare en Zimbabwe avec une escale de 01h10mn à Nairobi au Kenya ; Que le vol KQ728 qui a décollé de Nairobi à 21h20 est arrivé à Harare à 23h20 mn sans Patrice NGANANG à bord;
Qu’il a été enlevé par la police de l’aéroport suivant un message radio-porté issu de la Délégation Générale de la Sureté Nationale à Yaoundé et est actuellement détenu dans le plus grand secret et sans possibilité d’avoir un conseil et pour des motifs jusqu’ici inconnus dans une « chambre de torture »; Qu’à la veille de son enlèvement, le 05 décembre, Patrice NGANANG a publié dans l’hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique, un « Carnet de route en zone (dite) anglophone », dans lequel il s’est montré critique envers le pouvoir, indiquant que seul le départ du président Paul Biya du pouvoir pourrait mettre un terme à la crise;
Que cet écrivain, actuellement de nationalité américaine, est Auteur de «Temps de chien », prix Marguerite Yourcenar en 2002 et Grand Prix de la littérature d’Afrique noire l’année suivante; Que durant son séjour d’un mois au Cameroun, il s’est rendu dans une dizaine de villes anglophones secouées depuis plus d’un an par une crise et où le gouvernement a déployé un important dispositif militaire pour contenir les revendications sécessionnistes;
Que Patrice NGANANG n’a fait qu’exprimer son courroux face à un régime sourd à la raison et qui n’écoute que la logique de la force, la brutalité et même la bestialité, notamment dans le cadre de la crise anglophone;
Que l’écrivain est allé au Cameroun faire ce qu’il sait faire, c’est à dire interroger, faire des recherches et écrire ses livres comme il le fait toujours : « Temps de chien, Mont plaisant » et les autres;
Que l’enlèvement et la détention de Patrice NGANANG, un écrivain, poète et professeur camerounais-américain, démontre le coût élevé et le risque réel de la liberté d’expression et de la liberté de la presse au Cameroun ;
Que cet acte qui déshonore le gouvernement camerounais est la preuve que le clan Biya est prêt à tout pour s’accrocher au pouvoir y compris en réduisant au silence ceux qui expriment leur aversion vis-à-vis du régime de Yaoundé;
Que les enquêtes sur la corruption ou les commentaires défavorables sur les questions politiques ou de droits de l’homme ont souvent des répercussions officielles sur les écrivains et les journalistes au Cameroun et NGANANG n’est que le dernier exemple d’une série noire d’écrivains qui commentent des sujets sensibles qui risquent d’être interrogés, poursuivis, détenus ou emprisonnés par le régime de Yaoundé à l’exemple de
Enoh Meyomesse, qui a été libéré en 2015 et vit maintenant en exil;
Que les medias nationaux et internationaux et les réseaux sociaux ont exprimé leur indignation face à la barbarie du pouvoir de Yaoundé; Que dans un communiqué publié le 07 décembre 2017, Karin Deutsch Karlekar, PEN
America Director of Free Expression at Risk Programs : « Nous condamnons la détention de NGANANG et appelons les autorités camerounaises à le libérer indemne
immédiatement »;
Que le Collectif D’ÉCRIVAINS a lancé une pétition avec des centaines de signataires pour exiger la libération de ce « Critique féroce et conscient qui ne s’agenouille pas, a fondé le mouvement « Génération Change » et entreprend depuis plusieurs années tout un travail aussi bien sur le terrain que dans son écriture, dénonçant les immobilismes, fustigeant les pouvoirs corrupteurs »;  Que cette affirmation de l’écrivain Jean Paul Sartre selon laquelle : « L’écrivain engagé sait que les mots sont des pistolets chargés. S’il parle, il tire » épouse la sagesse de Patrice Lumumba, un grand panafricaniste : « Le jour viendra quand l’histoire parlera…..l’Afrique écrira sa propre histoire….ce sera une histoire de gloire et de
dignité »;
Que selon l’Article 19 de Déclaration Universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 ; « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce quibimplique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et lesbidées par quelque moyen d’expression que ce soit»;bQue les droits fondamentaux, aussi appelés libertés fondamentales, sont inhérents à la notion même d’individu et sont totalement protégés par des textes à valeurbconstitutionnelle, comme la Loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de labConstitution et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
1. Condamne, avec des termes e Condamne, avec des termes exceptionnelement xceptionnelement xceptionnelement durs, cet enlèvement barbare d’un
Professeur des Universités, qui constitue une grave atteinte à la liberté d’expression;
2. Exige, avec toute la fermeté 2. Exige, avec toute la fermeté, la libération ibération ibération immédiate immédiate immédiateet sans condition et sans condition et sans condition de Patrice NGANANG
qui n’a fait que son travail d’écrivain;
3. Rappelle, toujours, avec insistance, au Gouvernement de la République qu’un Etat qui ne ,
respecte pas ses engagements internationaux qu’il a librement souscrits n’est qu’un Etat voyou;
7. Avise, enfin, l’opinion 7. Avise, enfin, l’opinion . Avise, enfin, l’opinion, que Mandela Center, mettra en œuvre tous les moyens de pression ,
de concert avec les camerounais, pour obtenir la libération de ce compatriote et sauver la
liberté d’expression au Cameroun.
Jean Claude Fogno
Lire aussi:   Gabon : la preuve qu’Ali Bongo est… paralysé
commentaires
Loading...