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Dr Christopher Fomunyoh. Le Directeur régional Afrique au National Democratic Institute (NDI)
habitué à parcourir depuis des décennies le continent africain et la planète pour la démocratie et la
bonne gouvernance tire la sonnette d’alarme sur l’abîme qui, redoute-t-il, guette le Cameroun, son
pays natal. L’homme d’État dont le nom a été régulièrement avancé comme probable candidat à la
présidentielle en 2018 se préoccupe de l’exclusion de Maurice Kamto de la course à l’élection
d’octobre et des conséquences pour le pays d’un président inaccessible. Diplômé en droit et
sciences politiques des universités de Harvard et Boston aux États-Unis, Dr Fomunyoh pose sur la
table un projet clé en main d’union de l’opposition, à faciliter par des personnalités apolitiques
crédibles avec en prime un accord de base de gouvernance, et cible les réformes les plus cruciales
et les plus immédiates que ELECAM doit mettre en oeuvre pour garantir que les élections d’octobre
soient crédibles. Fin connaisseur du sujet, il met enfin l’accent sur le rôle que l’Union africaine et la
communauté internationale doivent jouer en termes de missions préelectorales au Cameroun.
Interview exclusive.

 

Que vous inspire le rejet controversé de la candidature du professeur Maurice Kamto par le Conseil constitutionnel ?

Dans toute démocratie, la justice doit non seulement être rendue; elle doit être perçue comme ayant été rendue. Je ne vois pas un seul Camerounais impartial argumenter que la justice et l’équité ont prévalu dans cette décision du Conseil constitutionnel. Même ceux qui ont œuvré pour exclure Maurice Kamto de la course à l’élection présidentielle d’octobre 2025, savent au fond d’eux-mêmes quelles forfaitures ont été montées pour modifier le calendrier électoral au détriment du MRC en reportant à l’année prochaine, les élections locales et législatives de cette année; et quelles normes administratives ont été violées pour interférer avec les décisions internes des partis politiques. Une injustice aussi flagrante et les railleries personnelles subies par Maurice Kamto n’augure pas bien ni pour l’État de droit et le constitutionnalisme dans notre pays, ni pour la confiance que les citoyens devraient avoir dans les institutions étatiques et les perspectives démocratiques de notre pays.

Vous avez affirmé qu’il « n’est pas logique » que le président Paul Biya, à 92 ans et après 43 ans au pouvoir, brigue un nouveau mandat. Selon vous, quels sont les trois principaux échecs de gouvernance qui rendent son maintien au pouvoir intenable pour l’avenir du Cameroun ?

Le bilan est catastrophique, et ça se voit, ça se ressent y compris par ceux qui sont aux affaires dont certains ne peuvent même plus aller dans leurs villages sans grande escorte sécuritaire. Et d’autres qui évitent de circuler dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala pour raison de la vétusté des infrastructures routières  Mais si je devais me limiter à ses trois échecs majeurs, je citerais l’insécurité généralisée qui règne dans tout le pays, avec huit années de conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et un mouvement extrémiste violent détruisant des vies et des moyens de subsistance dans la région de l’Extrême-Nord. Cumulées, ces deux zones d’insécurité ont généré des centaines de milliers de déplacés internes dans d’autres régions et de réfugiés dans d’autres pays. Deuxièmement, les très mauvais résultats du régime de Monsieur Biya sur tous les indicateurs de développement socio-économique, comme en témoignent son bilan concernant le chômage des jeunes, la faiblesse du système de santé, le manque d’infrastructures, la corruption et la mauvaise gestion des resources publiques, et la forte criminalité, avec l’assassinat de journalistes comme Martinez Zogo et Samuel Wazizi. Troisièmement, je citerais le sentiment généralisé de fragmentation et de polarisation qui alimente les discours de haine, les politiques identitaires et les différentes formes de favoritisme excessif au Cameroun d’aujourd’hui. Beaucoup de ces problèmes se sont aggravés au cours de la dernière décennie, ce qui m’amène à conclure qu’à 92 ans et après 43 ans à la tête de l’État, on ne peut pas s’attendre à ce que le régime de Monsieur Biya fasse mieux que ce qu’il a fait ces dernières décennies, ou qu’il réalise ce qu’il n’a pas pu réaliser en plus de quatre décennies.

Absentee Leadership Hurts Cameroon Daily, Fomunyoh Warns in Fiery Interview  - PAN AFRICAN VISIONSEn s’appuyant sur votre expression « un président 24h/24 et 7jours/7 », quelles sont les conséquences concrètes, pour le Camerounais moyen, de ce que vous percevez comme un leadership absent, surtout lorsqu’on sait que le conseil des ministres ne s’est pas tenu  depuis plusieurs années ?

Lorsque les citoyens élisent leur président, ils lui confient un mandat et développent un lien de confiance presque personnalisé en se disant que cet individu sera véritablement à la tête de l’État et veillera au bien commun de tous, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les citoyens ont besoin de voir leur président; ils ont besoin d’entendre sa voix et de sentir sa présence pour être assurés que le mandat qui lui a été confié n’est pas exécuté par des mandataires inconnus ou non élus, dont certains, dans notre contexte particulier, sont des plus grossiers et incompétents. Même les investisseurs privés, les partenaires au développement et les autres décideurs du monde ont tendance à voir, à saisir et à juger un pays à travers le prisme de son président. Dans un monde devenu très concurrentiel aujourd’hui, un président inaccessible à la moindre échéance dessert totalement son pays et ses concitoyens. Dans notre cas particulier au Cameroun, la situation est aggravée par la nature très centralisée de l’État et les contraintes écrasantes qui exigent aujourd’hui un leadership authentique et efficace pour réconcilier les concitoyens, réformer les institutions, et reconstruire la nation pour sa jeunesse et les générations futures.

Vous avez décrit le RDPC au pouvoir comme “affaibli”, considérez-vous cette faiblesse uniquement comme liée à l’âge du président, ou percevez-vous des fractures plus profondes au sein du parti, qu’une opposition inspirée pourrait exploiter ?

J’oserais dire que les fissures sont plus profondes qu’il n’y paraît.  Peut etre que la solidarité de surface ne tient qu’à un fil : Paul Biya comme président du parti et « candidat naturel ». Je suis persuadé que de nombreux jeunes et talentueux membres du RDPC aspirent eux aussi à solliciter des suffrages pour diriger le pays si l’occasion se présentait. Ils doivent grincer des dents chaque jour à l’idée de prendre leur retraite politique alors que leurs parrains à la naissance sont toujours au pouvoir. Le fait que les actes de campagne du RDPC se tiennent à la présidence de la République (qui du reste est une institution étatique et non partisane) plutôt qu’au siège du parti, est alarmant et très inquiétant, mais pourrait aussi être très révélateur du climat de méfiance à l’intérieur du parti au pouvoir. Au passage, je suis sidéré qu’en ces moments sensibles, aucune autorité ou aucun sage de la république ne lève le ton ou le petit doigt par rapport à cette desecration partisane et folklorique de l’institution étatique et républicaine qu’est la présidence de la République.  C’est un désastre pour la respectabilité et la réputation du pays à travers le monde: pourquoi ne pas aller faire tout ce cinéma de mauvaise qualité au siège du parti RDPC?

Un ministre de la République a récemment salué la « sagesse et l’expérience » du président Paul Biya. Comment répondez-vous à l’argument selon lequel, dans une région instable, le long mandat du président offre une stabilité qu’un nouveau dirigeant pourrait mettre en péril ?

Depuis les célébrations de la fête nationale du 20 mai, nous n’avons plus entendu la voix du président. Nous ne l’avons vu qu’une seule fois lors d’une apparition télévisée avec le nonce apostolique à Yaoundé. Alors, comment cette « sagesse et cette expérience » pourraient-elles profiter au Cameroun et à l’Afrique si l’homme n’est plus physiquement et intellectuellement capable d’impacter les citoyens dans leur quotidien ? Beaucoup de ses pairs et d’autres dirigeants africains ne l’ont ni vu ni contacté depuis des années, même sur des questions d’importance vitale pour la sous-région et le continent. J’ai eu l’honneur et le privilège de travailler en étroite collaboration avec de nombreux anciens chefs d’État africains, pleins de sagesse et d’expérience, hautement respectés sur le continent et à travers le monde pour avoir facilité le renouvellement générationnel du leadership politique dans leurs pays respectifs. Nombre de ces pays, comme le Bénin, le Botswana, le Cap-Vert, le Ghana, l’île Maurice, la Namibie, le Sénégal et l’Afrique du Sud, continuent de connaître une croissance économique, une prospérité, une paix et une stabilité, en grande partie grâce à ce renouvellement générationnel du leadership politique. Un seul individu ne peut pas avoir le monopole de la « sagesse et de l’expérience » dans un pays de 30 millions d’habitants, dont beaucoup sont hautement qualifiés, expérimentés et respectés à travers l’Afrique et le monde.

2025 presidentials: Dr Fomunyoh says ready to use expertise to push for  change | The Guardian PostVous avez proposé un cadre structurel pour l’unité de l’opposition, à faciliter par des personnalités apolitiques crédibles. Quelles sont les personnalités disposant de la crédibilité nécessaire pour négocier un tel accord ? Envisagez-vous des leaders tels que des archevêques, des chefs traditionnels respectés ou des avocats de renommés ?

Je constate que des chefs traditionnels comme Son Altesse Royale Jean-Rameau Sokoudjou de Bamendjou, dans la région de l’Ouest, se manifestent, et j’espère que d’autres suivront son exemple, notamment des évêques, des pasteurs, des imams et des dirigeants civiques en quête d’un changement significatif par les urnes. Le Barreau du Cameroun a joué un rôle essentiel dans les efforts de démocratisation des années 1990 et dispose du potentiel et de l’influence nécessaires pour le faire à nouveau. Tous ces dirigeants doivent aider les candidats à comprendre que la population est lasse et épuisée par le régime Biya et la situation actuelle, qu’elle aspire ardemment au changement véritable, et qu’aucun des candidats de l’opposition ne peut à lui seul remporter et préserver sa victoire dans le cadre du système électoral actuel. De leur côté, les candidats de l’opposition doivent comprendre que la population est plus consciente et mieux informée aujourd’hui que les années précédentes et qu’elle les tiendra responsables si le changement souhaité ne se produit pas parce que certains candidats auraient tâtonné ou ont laissé tomber la balle.

L’histoire de l’opposition camerounaise est jalonnée de coalitions ratées, souvent motivées par des ambitions personnelles. Vous avez évoqué une « nouvelle motivation » pour 2025. De quoi s’agit-il ? Est-elle suffisamment puissante pour surmonter les égos et les rivalités qui ont sapé l’unité par le passé ?

Il convient de rappeler aux candidats de l’opposition et à leurs militants que le meilleur score de l’opposition aux élections présidentielles camerounaises remonte à 1992, lorsqu’un ralliement massif s’était manifesté derrière un candidat – feu Ni John Fru Ndi – qui symbolisait le changement souhaité par le peuple à l’époque. À l’approche du scrutin d’octobre 2025, le Président Biya n’est plus l’homme ni le candidat qu’il était il y a 33 ans. Il est plus vulnérable aujourd’hui qu’à l’époque, et le désespoir et le mécontentement ont augmenté de façon exponentielle dans tout le pays. Le fait que cette élection puisse mathématiquement être remportée par un autre que Monsieur Biya devrait motiver davantage l’opposition à unir ses forces pour réussir l’alternance dont la population a désespérément besoin.

Vous avez évoqué un « Accord de base de gouvernance (ABG) » comme clé pour attirer l’adhésion des dirigeants politiques. Quels sont, selon vous, les trois points non négociables qui devraient figurer dans un parfait accord pour convaincre les leaders de l’opposition de sacrifier leur candidature personnelle en faveur d’un objectif collectif ?

Ça fait du bon sens de présenter aux 11 candidats de l’opposition une formule ou un scénario réaliste qui tienne également compte de l’intérêt national et de l’avenir du pays. Ils doivent comprendre que leur propre patriotisme est en jeu et que la population et l’histoire les jugeront à l’aune de leur volonté de défendre l’intérêt national pour les générations actuelles et futures. Par exemple, les trois premiers points non négociables ou absolument contraignants d’un Accord de base de gouvernance pourraient être que: i) le candidat retenu exerce un mandat de transition au cours duquel d’importantes réformes constitutionnelles et électorales seront entreprises, et se retire à l’issue de ce mandat ; ii) que les 10 autres candidats rejoindront le gouvernement de transition et, contrairement au président, pourront se présenter à nouveau aux élections une fois les réformes adoptées et de nouvelles élections programmées ; et iii) Les priorités de l’Accord de base de gouvernance sont définies par consensus et adoptées par tous les candidats qui s’engagent solennellement à les populariser auprès de leurs circonscriptions respectives dès à présent. Cette approche a fait ses preuves dans d’autres pays africains aussi divers que le Sénégal, le Kenya et même la République démocratique du Congo, et rien ne justifie que nous ne fournissons pas les efforts nécessaires pour obtenir les résultats semblables ici chez nous.

Dr Fomunyoh, pourquoi n’avez-vous pas déclaré votre candidature à l’élection présidentielle de 2025 ? Pourquoi avez-vous choisi de rester un facilitateur plutôt qu’un acteur principal ?

Peut-être parce que, selon moi, l’environnement ou le contexte politique a été tellement pollué par plus de quatre décennies de règne par un seul individu qu’il faut d’autres approches pour obtenir une alternance générationnelle comme il se doit. Par exemple, vous vous souvenez peut-être qu’en 2018, j’avais déclaré que je ne pouvais pas me lancer dans un processus électoral pendant que le sang des innocents coulait dans le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Aujourd’hui, les massacres ont peut-être diminué, mais le conflit perdure et les griefs restent entiers. J’ai également observé, avec douleur, comment certaines élites dirigeantes et des personnes que je croyais attachées à certaines valeurs ont contrecarré les efforts visant à mettre fin au conflit par des négociations inclusives. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, être candidat à la présidentielle est avant tout une décision personnelle ; et, comme le disait toujours ma défunte mère, « si votre sixième sens ne vous donne pas une assurance absolue, réfléchissez-y à deux fois et attendez le moment qui vous convient. » Cela dit, si, en apportant mon poids et ma voix, je contribue positivement à un changement significatif cette fois-ci, tant mieux, car je suis convaincu qu’il s’agit du sort de 30 millions de compatriotes, et pas seulement de mon sort a moi tout seul ou de celui de toute autre personnalité à elle seule.

Vous occupez un poste important et respecté au sein du National Democratic Institute (NDI). Comment conciliez-vous votre rôle de défenseur international des processus démocratiques et votre engagement direct dans la politique camerounaise ? Comment garantissez-vous aux Camerounais votre impartialité ?

Question très pertinente, en effet – et qui explique aussi pourquoi je devrais abandonner mes responsabilités au NDI ainsi que mes autres engagements internationaux le jour où je déciderais de me présenter à une élection présidentielle ou de m’engager directement dans la politique partisane au Cameroun. Cependant, tant que les efforts de démocratisation du pays stagnent, comme cela a été le cas pendant toutes ces décennies, je me verrais mal de consacrer mon énergie et mon expertise à défendre d’autres pays que le mien ou à faire le plaidoyer en faveur des populations dans d’autres pays en oubliant mes propres concitoyens. Je vous encourage, ainsi que tout un chacun, à lire le rapport et les recommandations du NDI sur l’élection présidentielle de 1992, qui, soit dit en passant malheureusement, sont aussi valables aujourd’hui qu’il y a 33 ans.

En tant qu’analyste chevronné des crises électorales africaines, comment interprétez-vous les candidatures de personnalités issues du système, comme Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma ? S’agit-il de véritables challengers, de stratèges pour diviser le vote, ou d’un signe que le régime tâte le terrain en vue d’une succession interne et gérée ?

Pour l’instant, je les crois sur parole et je pense que d’autres le font aussi. Leurs militants réclament ouvertement le changement, et je ne pense pas qu’ils survivront politiquement en jouant double jeu face à l’élan populaire des compatriotes du septentrion du pays. Les Camerounais ont deux mois pour évaluer pleinement ces dirigeants avant de faire le choix judicieux le 12 octobre.

Dr. Chris Fomunyoh: Facing Democratic Backsliding in Africa & Reversing the  Trend – IcicemacDe votre point de vue d’expert au NDI, quelles sont les trois réformes les plus cruciales et les plus immédiates que l’organisme électoral, ELECAM, doit mettre en œuvre pour garantir que les élections d’octobre soient considérées comme crédibles, libres et équitables par la majorité des Camerounais ?

Si ELECAM ne peut pas faire adopter de nouvelle loi pour se réformer, elle peut, par son fonctionnement, renforcer la confiance des citoyens dans la crédibilité du processus électoral en : i) interagissant plus régulièrement avec les médias et la société civile afin d’accroître la transparence et la responsabilité de ses actions et décisions ; ii) renforçant ses capacités logistiques pour pouvoir livrer le matériel électoral en temps voulu et en quantité suffisante dans tous les bureaux de vote du pays, y compris dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord ; et iii) prenant des mesures concrètes pour garantir que la collecte, la transmission, la compilation et la proclamation des résultats des élections soient transparentes et vérifiables par toutes les parties et l’ensemble de l’électorat. ELECAM doit vraiment relever la barre, surtout compte tenu des perceptions persistantes de partisanerie dans sa composition ainsi que lors du processus d’examen des candidatures qui s’est terminé par de nombreuses pétitions devant le Conseil constitutionnel, comme nous l’avons évoqué précédemment.

Quel rôle spécifique l’Union africaine et la communauté internationale dans son ensemble doivent-elles jouer avant le jour du scrutin ? Une simple observation suffit-elle, ou devraient-elles, dès à présent,  jouer un rôle actif de médiation pour garantir des conditions de jeu équitables pour tous ?

Je les exhorte à déployer dès maintenant des observateurs à long terme et à entreprendre des missions d’évaluation préélectorales afin d’interagir en amont avec toutes les parties prenantes et de formuler des recommandations visant à optimiser les conditions de jeu et à limiter les actions susceptibles d’exacerber les tensions et la perte de confiance dans le processus électoral. Ces organisations sont signataires de la Déclaration de principes pour l’observation internationale des élections, adoptée en 2007; elles maîtrisent parfaitement la méthodologie et j’espère que, au moins pour leur propre crédibilité, elles ne baisseront pas la barre à l’égard d’ELECAM et du Cameroun.

En cas de victoire de l’opposition, une passation pacifique du pouvoir serait primordiale. À quoi ressemble ce processus selon vous ? Quels sont les trois premiers appels téléphoniques qu’un dirigeant de transition nouvellement élu doit passer pour assurer la stabilité du pays ?

Votre question me rappelle que des pays africains comme le Ghana et le Libéria disposent de lois pour encadrer les transitions exécutives et assurer une transition harmonieuse après les élections. Dans d’autres pays comme le Sénégal, le Nigéria et le Bénin, ces pratiques de passation de pouvoir sont devenues assez courantes et sans tension. Comme cela pourrait être une nouveauté dans notre cas, je recommanderais de brefs appels téléphoniques au candidat perdant et aux différents chefs des forces armées et des services de sécurité, puis une brève allocution à la nation pour rassurer nos compatriotes, au pays comme à l’étranger, et ainsi prévenir toute agitation sociopolitique.

Au-delà de cette élection, quel que soit le résultat, quelle est votre vision ultime pour le Cameroun en 2030 ? A quoi ressemblerait-il, selon vous; un Cameroun prospère et uni ?

Les élections d’octobre 2025 marqueront un tournant significatif pour notre pays, après lequel il sera absolument nécessaire de se ressaisir, de redéfinir une vision commune et une feuille de route collective pour l’avenir, afin que la nation puisse se réconcilier et ainsi se réformer afin de pouvoir se reconstruire après ces dernières décennies de gaspillage et de déclin injustifiés. Après avoir atteint un tel point bas dans notre trajectoire nationale, l’avenir ne peut qu’être plus radieux, surtout si les électeurs d’octobre sont suffisamment motivés pour donner une réelle chance à cette éventualité. Avec un leadership juste, visionnaire et inclusif, le Cameroun peut encore renaître tel un phénix des cendres de son passé et de son présent ! Tel est mon souhait et mon espoir pour notre pays et notre avenir collectif.

 

 

Propos recueillis par Claude Tadjon

Source: Le jour n°4461 du lundi 18 août 2025

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