Il y a des paradoxes qui feraient rire si, au fond, ils n’étaient pas tragiques. Maurice Kamto vient de signer, à La Haye, un pavé de 557 pages sur le droit international et le polycentrisme normatif, ouvrage salué dans les amphithéâtres du monde entier comme un trésor intellectuel. Pendant que l’Académie de Droit international de La Haye lui déroule le tapis rouge, le Cameroun, lui, continue de lui tendre… le tapis de prison.
À l’étranger, Kamto est cité, étudié, respecté. Ici, on préfère citer Elimbi Lobé, étudier Essomba, et respecter les photos de Paul Biya. Quelle ironie ! Un homme qui pense le droit à l’échelle planétaire est réduit, chez lui, à subir l’injustice locale la plus crasse. On dirait un diamant gardé dans une poubelle, pendant que d’autres pays viennent y puiser des éclats pour éclairer leur savoir.
Le génie humilié par le village
Dans tout autre pays, un professeur qui enrichit le patrimoine juridique mondial serait décoré, célébré, promu comme ambassadeur de la fierté nationale. Mais au Cameroun, la reconnaissance va plutôt à ceux qui organisent des meetings folkloriques, distribuent des tee-shirts et savent transformer les scrutins en loterie nationale.
Ici, on méprise l’esprit et on vénère l’ombre. Kamto rédige des cours généraux de droit à La Haye ? Et alors ! Le vrai pouvoir, c’est de lire des fiches de 3 lignes rédigées à la Présidence. C’est de gouverner par photos filtrées et par communiqués d’ambassades étrangères.
Le cauchemar des médiocres
Soyons clairs : si Kamto dérange autant, ce n’est pas parce qu’il a écrit un livre. C’est parce que chaque page, chaque paragraphe de ses travaux rappelle cruellement à ceux qui tiennent ce pays qu’ils sont nus, vides, creux. C’est une insulte vivante à la médiocrité. Voilà pourquoi le régime préfère le ridiculiser à l’intérieur, pendant que l’extérieur le sanctifie.
Au fond, l’histoire retiendra deux choses :
1. Kamto, qui a donné au droit international des clés pour comprendre le monde.
2. Ses bourreaux, qui n’ont rien donné d’autre que des slogans et des prisons.
Conclusion
Le Cameroun a un professeur universel, mais il préfère le traiter comme un opposant tribal. Un penseur du droit global, mais qu’on réduit au silence local. Un diamant du savoir, mais qu’on enfouit dans la poussière politique.
Qu’ils se rassurent, leurs prisons ne peuvent pas enfermer un esprit. Et dans 50 ans, on citera encore Maurice Kamto dans les universités… alors que les noms de ses geôliers auront disparu, emportés comme des ratures de bas de page.
Alex KAMTA L’usurpateur