DECLARATION DU PRESIDENT ELU MAURICE KAMTO AU SUJET DE LA GRAVE EPIDEMIE DU CORONAVIRUS EN COURS AU CAMEROUN
DECLARATION DU PRESIDENT ELU MAURICE KAMTO AU SUJET DE LA GRAVE EPIDEMIE DU CORONAVIRUS EN COURS AU CAMEROUN
Mes Chers Compatriotes,
Le Gouvernement a enfin reconnu la gravité de la situation que représente l’épidémie du Covid-19. Alors que plusieurs pays occidentaux et africains étaient sur le pied de guerre contre le coronavirus, le Gouvernement camerounais, lui, affirmait encore, il y a seulement quelques jours, être prêt à faire face à cette épidémie et se disait même être préparé à recevoir des milliers de personnes venant des pays plus infectés que le Cameroun.
Les mesures annoncées le 17 mars dernier par le Gouvernement montrent bien que le régime est revenu de ses illusions, de son déni permanent, face aux problèmes que traverse notre pays ; il faut maintenant espérer qu’il prenne la mesure réelle de la situation.
Pour commencer, je suis dans l’obligation de vous dire la Vérité : L’EPIDEMIE DE CORONAVIRUS EN COURS EST UN GRAVE DANGER POUR NOTRE PAYS.
Ce ne sont pas des propos alarmistes, mais une alerte dictée par un devoir de vérité et de sensibilisation que m’impose mon statut de citoyen et de responsable public ayant à cœur le sort de ses compatriotes et le destin de la Nation.
Je salue d’emblée les mesures prises le 17 mars dernier, car elles sont de nature à préserver la santé des Camerounais face à cette redoutable épidémie. Je resterai optimiste tant que j’aurai l’assurance que les mesures annoncées sont effectives et s’exécutent en toute responsabilité. Comme chacun le sait, j’attache à la vie des Camerounais le lus grand prix. Aussi, aucune complaisance n’est et ne sera de mise dans l’évaluation de la mise en œuvre des mesures annoncées ainsi que de leur pertinence.
C’est pourquoi je vais dès à présent relever quelques insuffisances dans les mesures prises à ce jour :
Des hôtels réquisitionnés pour accueillir les cas suspects n’ont pas été préparés à l’avance alors qu’en principe, une telle opération requiert à la fois une préparation psychologique et pratique du personnel de l’hôtel, une identification précise des couloirs sanitaires au sein de l’établissement et un déploiement des mesures d’asepsie avant, pendant et après l’épidémie. Si de telles mesures ne sont pas prises au préalable, une propagation du virus au-delà des espaces requis est probable et serait un facteur de contamination d’un grand nombre de personnes. Des pays plus développés que le Cameroun ont consacré deux semaines pour cette préparation ; au Cameroun, le régime veut nous faire croire que cette opération n’est pas indispensable.
La non-préparation des Centres de Traitement des personnes infectées par le coronavirus telle que le dénonçait le MRC dans son Communiqué du 4 mars dernier. Tout le monde a bien constaté que c’est seulement le 17 mars, jour de l’annonce des mesures majeures de distanciation et de confinement, que le Ministre de la Santé a demandé aux délégués régionaux de son Département ministériel de lui proposer des formations sanitaires pouvant servir de Centres de Traitement.
Le non-respect des mesures de confinement par certaines personnes, y compris des responsables publics. C’est notamment le cas de Monsieur Cavaye Yéguié Djibril, qui, revenant de France, un pays où le rythme de propagation du coronavirus s’est accéléré au point de l’amener à déclarer une guerre sanitaire contre cette épidémie, s’est soustrait à cette mesure de prévention, au mépris de la santé des autres camerounais.
Mes Chers Compatriotes,
Ces observations, non exhaustives, tempèrent significativement l’optimisme affiché plus haut. Le doute est dès lors permis. La volte-face du Gouvernement sur certaines mesures, 24 heures seulement après leur annonce, contribue à installer ce doute.
Ceci étant, au-delà des errements du Gouvernement, la gravité de la situation requiert que chacun apporte sa contribution pour une gestion réussie de la lutte contre l’épidémie de Covid-19.
De par son ampleur et ses conséquences prévisibles, cette épidémie virale qui est un problème sérieux de santé publique constitue une vraie menace nationale. Celle-ci ne sera jugulée qu’à la faveur d’une action publique collective impliquant tous les acteurs concernés.
Dans cet esprit, je demande que soient mises en place sans délai le dispositif suivant :
La création des camps de mise en quarantaine dédiés au suivi des personnes suspectes ou confirmées infectées par le Covid-19. Il pourrait s’agir des hôpitaux ou des salles de classe réquisitionnées, exclusivement consacrés au suivi des cas de cette épidémie, et mis sous la surveillance de la force publique. A ce titre, une réquisition des forces de 2ème catégorie pourrait s’avérer nécessaire, en fonction de l’évolution de la situation, pour assurer le respect strict des règles de sécurité et la surveillance des camps de mise en quarantaine.
La gratuité et la systématisation des tests pour tous les cas suspects, ainsi que la simplification de leurs procédures d’acquisition et la juste répartition géographique des tests en fonction de la demande réelle. Il est inadmissible que de longues procédures bureaucratiques soient requises pour pouvoir effectuer un test diagnostique en urgence. Les responsables des formations sanitaires ou, à défaut, les gestionnaires des centres de mise en quarantaine doivent être des ordonnateurs de l’utilisation des tests diagnostiques.
La gratuité de la prise en charge médicale et psychologique des cas confirmés.
La création d’une Commission Nationale Chargée de la Gestion de l’Epidémie du Covid-19 et de la Protection des Camerounais face à cette maladie. Cette Commission doit être présidée par le Président de la République et non pas par un tiers. Devant la gravité de la situation, chacun doit prendre ses responsabilités et non plus les déléguer comme d’habitude. Cette Commission devrait être subdivisée en plusieurs Sous-Commissions dont :
Une Sous-Commission Sanitaire composée des experts de la santé clinique, de la santé publique et des professionnels de l’industrie pharmaceutique et biomédicale. Elle devrait définir les protocoles de prise en charge dans les centres de mise en quarantaine ; elle devrait également concevoir les contenus et les supports des messages à diffuser dans le grand public. Cette Sous-Commission devrait par ailleurs élaborer le protocole d’approvisionnement, de stockage et de distribution des intrants et matériels utilisés dans la prise en charge des personnes infectées.
Une Sous-Commission Para-Sanitaire chargée de la définition et de la mise en œuvre des mesures complémentaires aux mesures sanitaires (mesures non sanitaires).
Une Sous-Commission de Sureté dont les actions d’intelligence et de sécurisation devrait s’inscrire dans l’objectif de l’éradication du Covid-19 au Cameroun. Cette Sous-Commission devrait donc assurer, entre autres, la mise en œuvre des mesures contraignantes prises aux frontières et à l’intérieur du territoire national.
Par ailleurs, j’exige que soient publiés les chiffres réels des personnes déjà infectées. Des informations dignes de foi font état d’un nombre bien plus important de Camerounais déjà infectés. Je demande également que soient prises des mesures d’accompagnement des opérateurs économiques ainsi que les ménages dont les activités seront affectées par les mesures prises par le Gouvernement. La protection des personnes et des biens est une mission régalienne de l’Etat. Je serai particulièrement attentif au sujet de ces mesures d’accompagnement.
Chers Compatriotes,
Le MRC est disposé à apporter sa contribution pour la mise œuvre d’une riposte nationale appropriée à l’épidémie du Covid-19 en cours.
J’invite les Camerounais à se montrer très respectueux des mesures d’hygiène rendues publiques par l’Organisation Mondiale de la Santé afin de se protéger d’une part, et de protéger leur entourage d’autre part. A ceux qui sont déjà infectés par le Covid-19, je souhaite un bon et prompt rétablissement, tandis j’adresse aux personnels de santé mes sincères encouragements et ma reconnaissance pour les efforts consentis, et encore à fournir.
Nous sommes une Grande Nation ! n’en déplaise à ceux qui l’humilie par une gouvernance d’un autre âge et veulent l’émietter par la haine distillée. Avec les efforts de tous et de chacun, nous pourrons traverser cette épreuve et être encore plus forts pour aller à la rencontre de notre destin, duquel cette adversité ne saurait nous détourner. Soyons solidaires et protégeons-nous les uns les autres.
Vive le Cameroun !
Maurice Kamto, Président élu du Cameroun, et président du MRC