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Ce que je retiens de la figure de Ruben Um Nyobe – Icicemac

Ce que je retiens de la figure de Ruben Um Nyobe

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Ce 13 septembre 2021, cela fera 62 ans que Ruben Um Nyobe, secrétaire général de l’Union des Populations du Cameroun, mourrait, assassiné, du fait des « forces endogènes en concubinage incestueux avec des forces exogènes ».

C’est une occasion de méditer, de tirer les leçons et de s’inspirer pour parachever son œuvre.

Que peut –on retenir de Um Nyobe et de ses illustres camarades, les hommes et femmes de 48 ?

*1 – L’audace d’espérer et le courage d’oser inventer un avenir différent*

L’écrivain et prix Nobel de littérature George Bernard Shaw avait coutume de dire qu’ « Il y a ceux qui voient les choses telles qu’elles sont et se demandent pourquoi, et il y a ceux qui imaginent les choses telles qu’elles pourraient être et se disent… pourquoi pas? ».

Assurément, Ruben Um Nyobe et ses pairs, les hommes et femmes de 48 étaient de la seconde catégorie.

En pleine période coloniale, alors que les Camerounais / es en particulier et les Africains en général ployaient sous le joug de la domination criminelle et inhumaine des colons, ils se sont levés pour dire non. Ils se sont levés pour dire qu’en tant qu’êtres humains, les Camerounais / es en particulier et les Africains en général pouvaient et devaient espérer mieux de la vie. Ils ont fondé le nouvel espoir de leur époque en proposant un nouvel horizon d’émancipation tout en forgeant, par la même occasion, les éléments clés de la nouvelle personnalité camerounaise.

Et parce que ce n’était pas sans danger, il leur a fallu faire preuve de courage. Le courage pour affronter la répression et le courage pour braver les mille et un obstacles que les adversaires internes et externes de l’émancipation du peuple camerounais ont mis sur leur chemin.

A leur manière, comme le disait si bien Thomas Sankara, ils ont « osé inventer leur avenir ».

*2 – Le refus de la résignation, le sens de l’engagement et le souçi de la cohérence*

Ruben Um Nyobe disait avec raison qu’il ne servait à rien de dénoncer l’injustice et l’arbitraire d’un système si l’action n’était pas organisée pour y mettre un terme. Cette pensée en elle – même est un anti « on va faire comment ? » qui caractérise beaucoup d’entre nous.

Um Nyobe et ses camarades seront des incarnations vivantes du refus de la résignation. Ils auront compris que la conscience résignée n’est rien d’autre qu’une construction des dominants pour perpétuer l’asservissement des dominés. Steve Biko, l’un des leaders sud – africains de la lutte contre l’apartheid le dira si bien plus tard : « L’arme la plus puissante entre les mains de l’oppresseur, est l’esprit de l’opprimé ». Et dans la même veine, Bob Marley, le célèbre artiste, ne manquera pas d’insister sur la nécessité de nous émanciper de la mentalité d’esclave.

Ruben Um Nyobe disait également que ce sont ceux qui sont susceptibles de bénéficier des réformes qui doivent se mobiliser pour que ces dernières surviennent. « Les réformes ne peuvent avoir leur efficacité que lorsqu’elles sont activement défendues par ceux qui en bénéficient. » Um Nyobè, extrait du « Rapport présenté au premier congrès de l’UPC », Dschang, 10 avril 1950.

Aujourd’hui, nous assistons assez souvent à des paradoxes : les opprimés attendent que les oppresseurs se réforment d’eux – mêmes pour changer leurs conditions ! Incroyable que l’on puisse attendre du colon que ce dernier décolonise, du voleur des deniers publics qu’il cesse de voler et du parasite qu’il cesse de lui – même de profiter indûment du labeur des autres.

Comme le disait aussi Sankara en la matière : seule la lutte libère. Um Nyobe et ses pairs seront les premiers à mettre en pratique ce bon sens par leur engagement plein et entier pour la libération du Cameroun du joug colonial.

Et la cohérence de ce dernier tient du fait qu’entre les constats, les discours et les actions, l’alignement était indiscutable. Ni le temps et ni les épreuves diverses ne lui feront dévier de cet engagement. Ce qui aujourd’hui fait de lui, indubitablement, un repère et un modèle pour les générations actuelles et à venir de Camerounais / es.

*3 – Le sens de l’organisation*

« Un peuple décidé à lutter pour sa liberté et son indépendance est invincible » Ruben Um Nyobè, in « Comment le massacre des Kamerunais a été préparé et consommé par le gouvernement français », maquis, 3 janvier 1957.

Aucune force ne peut résister à un peuple organisé. Cela veut dire pour nous plusieurs choses :

· Lorsque le Peuple se lève, les choses changent !

· Il n’y a pas de révolution spontanée et le changement n’arrive pas par hasard.

L’avant-garde que constitue le leadership progressiste dans une société telle que le Cameroun doit mettre en place et peaufiner une organisation capable de mettre en mouvement les masses populaires pour la réalisation de leurs propres intérêts.

A cet égard, la structuration de l’UPC entre 1948 et 1955, date de son interdiction, reste un modèle d’école. La formation de ses cadres demeure une référence. La mise en mouvement des masses populaires reste un exemple. Travail abattu à l’époque dans un environnement dans lequel ne s’observait pas forcément toutes les facilités que nous offre le monde actuel. Facilités accrues en terme de technique de communication, moyen de transport, niveau d’instruction, savoir et savoir – faire disponibles dans la documentation.

Nombreux sommes – nous aujourd’hui qui voulons récolter sans avoir semé. Nombreux sommes – nous qui ne prenons pas le temps et le soin de construire patiemment et solidement les cadres, les structures, les stratégies et les initiatives qui, dans la durée, dans l’intérêt des masses, pourront permettre d’inverser le rapport de forces en faveur des forces progressistes.

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Tous autant que nous sommes avons intérêt à continuer à apprendre de ces pionniers et à mettre en application ce qui, dans leur expérience, a permis de réussir l’élévation du niveau de conscience des populations camerounaises.

*4 – L’esprit de rassemblement, d’unité et de fraternité*

Um Nyobe et ses pairs, les hommes et femmes de 48, auront également d’autres caractéristiques qui tranchent beaucoup avec les pratiques et postures politiques contemporaines : un esprit de rassemblement, d’unité et de fraternité. Cet esprit peut s’apercevoir à travers trois éléments : les statuts de l’UPC, les positions sur le tribalisme et son discours sur le racisme.

a) Les statuts de l’UPC.

Dans l’article premier des statuts tels que définitivement établis au Congrès d’Eseka de 1952, il est dit : « Il est créé au Cameroun un Mouvement dénommé « Union des Populations du Cameroun » (par abréviation, U.P.C), qui a pour but de grouper et d’unir les habitants de ce Territoire en vue de permettre l’évolution plus rapide des populations et l’élévation de leur standard de vie. »

Cette union était le moyen pour atteindre plus rapidement un but : la libération. Elle ne se fondait pas sur des différences philosophiques, idéologiques ou religieuses. Elle avait pour ferment principal l’anti-impérialisme et l’anticolonialisme. En d’autres termes la vision était de créer le Mouvement qui permettrait aux Camerounais de pouvoir à nouveau disposer d’eux – mêmes.

Pour Um Nyobe, « L’indépendance du Cameroun signifie le gouvernement du Cameroun par les Camerounais, au profit des Camerounais. » (Um Nyobe, Congrès d’Eseka, en 1952)

b) Positions sur le tribalisme.

Um Nyobe et ses pairs, les hommes et les femmes de 48, étaient contre le tribalisme. En guise d’illustration, les trois citations ci – dessous qui donnent une idée de l’analyse que ce dernier faisait du phénomène du tribalisme :

Le tribalisme comme arme de division au service des gouvernants

« Ils [les colonialistes] dressent tribu contre tribu en faisant croire aux uns qu’ils sont plus intelligents et aux autres qu’ils sont très riches et vont dominer le pays. Les uns et les autres croient naïvement à cela et se livrent à de vaines luttes intestines qui aboutissent finalement à la ruine de tous et le seul qui profite, c’est le colonisateur. […] Ils cherchent tout simplement à puiser dans la haine de ceux-là, le plus de profit et le prolongement de la misère de tous. » (In Ecrits Sous Maquis).

On remplacerait facilement aujourd’hui le terme colonisateur par gouvernant et cette analyse garderait toute sa pertinence.

Le tribalisme comme arme de positionnement des politiciens opportunistes

« Le tribalisme est l’un des champs les plus fertiles des oppositions africaines. Nous ne sommes pas des « détribaliseurs », comme d’aucuns le prétendent. Nous reconnaissons la valeur historique des ethnies de notre peuple. C’est la source même d’où jaillira la modernisation de la culture nationale. Mais nous n’avons pas le droit de nous servir de l’existence des ethnies comme moyens de luttes politiques ou de conflits de personnes. » (In Le Problème National Kamerunais).

Ici aussi, on voit le choix lucide, pertinent et difficile qui a été très tôt fait : ne pas instrumentaliser les ethnies à des fins de positionnement politique. Au contraire, en permanence, Um Nyobe nous invitait à construire une culture nationale en nous appuyant sur la richesse de nos patrimoines ethniques.

La lutte contre le triablisme comme moyen de renforcer l’unité nationale

« Pour grouper et unir les habitants du Territoire, nous pensons que le premier pas consiste à engager une lutte résolue contre le tribalisme et le clanisme, contre tout ce qui peut animer les haines tribales et les divisions de clan. Liant les actes aux paroles, nous avons donné l’exemple dans la façon de distribuer les postes dirigeants de l’U.P.C. » (In Le Problème National Kamerunais).

On ne peut pas se dire patriote, nationaliste et progressiste tout en tolérant une forme quelconque de tribalisme ou de clanisme. On ne peut pas vraiment unir les populations du territoire tout en faisant la primauté d’une communauté particulière sur les autres.

c) Discours sur le racisme.

Enfin, à l’heure où partout, l’éveil de conscience de la jeunesse africaine s’accroit avec son lot de ferveur et de malentendus, il n’est pas inutile de rappeler également ce que Um Nyobe et ses pairs disaient sur la question du racisme :

« Nous ne confondons pas le peuple anglais avec l’impérialisme anglais qui maintient les peuples sous sa domination, ni le peuple de France avec le colonialisme français qui pille et opprime les peuples de notre pays. Nous devons mettre nos frères en garde contre le danger de la politique du racisme antiraciste. On ne peut, sous le prétexte de la libération des Noirs, mener une politique de haine contre les Blancs. La haine raciale est incompatible avec toute idée de progrès » (Congrès de Kumba 1951).

La haine raciale est incompatible avec toute idée de progrès. Tout est dit. Et les statuts de l’UPC, dans leur article 31 disaient ce qui suit : « L’UPC n’est pas un Mouvement qui va à l’encontre de la Nation française, ni des intérêts de l’Union Française, ni de la Constitution actuelle ».

Faisons preuve de lucidité et de discernement dans la lutte légitime que nous devons mener et parachever contre les nouvelles formes d’impérialisme et de colonisation. Faire preuve de discernement et de lucidité nous amène à introduire des nuances dans le regard sur le monde, les cases de nos malheurs, les alliés et les adversaires à la cause de notre émancipation.

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Mais soyons rassurés : cette nuance dans le propos ne diminua en rien la dénonciation du système oppressif ni la volonté de bâtir un nouvel ordre international fondé sur des valeurs humanistes. La preuve dans les déclarations ci – dessous :

« Nous sommes donc occupés, quant à nous, à revendiquer la suppression des discriminations raciales, et radicalement opposés au système du travail forcé, de l’indigénat et des provocations sanglantes […]. Nous avons affirmé à maintes reprises que nous voulions une Afrique Libre, mais une Afrique amie des autres peuples libres. Les colonialistes le savent fort bien et la calomnie tendant à laisser croire que nous sommes à la solde d’une puissance étrangère ne peut servir qu’à les ridiculiser. » Ruben Um Nyobe, extrait du « Rapport présenté au premier congrès de l’UPC », Dschang, 10 avril 1950.

« Ce que nous voulons affirmer une fois de plus, c’est que nous sommes contre les colonialistes et leurs hommes de mains, qu’ils soient Blancs, Noirs ou Jaunes, et nous sommes les alliés de tous les partisans du Droit des peuples et nations à disposer d’eux-mêmes, sans considération de couleur. » Ruben Um Nyobe, Félix Roland Moumié, in « religion ou colonialisme ? », Douala

« Il y a lieu également de combattre la pratique de nos compatriotes qui, aux postes de police comme dans les guichets publics, ont souvent tendance à servir les Européens en priorité, même si ceux-ci sont les derniers venus. Cela constitue aussi une discrimination raciale dans sa forme la plus condamnable. » Ruben Um Nyobe, extrait du « Rapport présenté au premier congrès de l’UPC », Dschang, 10 avril 1950.

« Nous devons mettre nos frères en garde contre le danger que consiste la politique du racisme anti-raciste. On ne peut, sous prétexte de lutter pour la libération des Noirs, mener une politique de haine contre les Blancs. La haine raciale est incompatible avec toute idée de progrès. » Ruben Um Nyobe, extrait de son intervention au Congrès de Kumba, 14-17 décembre 1951.

« Nous invitons M. André-Marie Mbida et ses collaborateurs à comprendre que le « tribalisme » n’est pas valable en politique et que l’intérêt du Kamerun n’est pas dans la politique de corruption et des oppositions africaines. (…) Nous leur demandons de placer l’intérêt du Kamerun au-dessus des luttes d’influence et des problèmes de personnes. » Ruben Um Nyobe, in « L’amitié franco-kamerunaise en danger. Alerte à l’opinion Kamerunaise et mondiale. », Maquis, 27 août 1957.

Pour résumer cette pensée de Um Nyobe et ses pairs, l’unité du Cameroun a des ennemis internes et externes. ces derniers sont de toutes les races et de tous les pays du monde. Leur trait commun c’est d’être des agents de l’impérialisme, du colonialisme et de la paupérisation des masses. L’unité des populations camerounaises et élévation continue de leurs conditions de vie ne pourra se faire que si ces forces endogènes et exogènes sont neutralisées. Et ceci peut et doit pouvoir se faire sans amalgame racial, tribal ou autre.

*5 – Le travail de terrain aux côtés et au sein des masses*

Um Nyobe disait : « Les patriotes camerounais, eux, ont compris que l’amélioration de leur situation matérielle ne peut être garantie qu’au sein d’un Cameroun unifié et indépendant. C’est donc en organisant et en éduquant les masses, c’est en liant nos actes à nos paroles, c’est dans la collaboration de tous et de toutes, sans distinction de couleur, de classe ni de croyance, que nous mériterons d’être nous-mêmes les serviteurs de notre pays, et de l’Histoire tout court. »

Il en découle d’abord que le rôle de l’avant – garde progressiste est de faire le lien entre les revendications socio-économiques des masses populaires et le système de gouvernance du pays. aucun changement durable dans la vie de tous les jours ne surviendra sans changement profond dans le système de gouvernance du pays. Le social, l’économique et le culturel ne pouvaient pas être détachés du politique. Le rôle des leaders progressistes étaient de travailler la conscience des masses pour que ces dernières acquièrent progressivement une conscience aiguë des enjeux et se déploient par rapport à ces derniers.

La deuxième chose qui en ressort est en rapport avec la nature du travail à faire avec les masses. La communication médiatique et sur les réseaux sociaux c’est bien. Le travail au sein des masses et aux côtés des masses c’est mieux voire primordial.Travailler au sein des masses veut dire informer, former, organiser et faire agir ces dernières pour la défense de leurs intérêts et l’amélioration continue du système de gouvernance. Travailler aux côtés des masses c’est soutenir et accompagner les luttes initiées par les masses pour se défaire des différents mécanismes d’oppression économique, sociale et politique.

Tel est la tâche de l’avant – garde progressiste. En résumé, de Um Nyobe et des ses pairs, nous retenons que modifier le rapport des forces en faveur des intérêts de masses populaires suppose d’élever la compréhension par ces dernières des différents enjeux, les organiser et les faire agir pour que le système de gouvernance intègre définitivement et complètement leurs intérêts.

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*6 – L’intégrité et le sens du sacrifice*

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Assurément, Um Nyobe et ses camarades étaient des Camerounais Debout. Prêts à se faire traiter de tous les noms pour une cause à laquelle ils croyaient et qui étaient bénéfique à l’immense majorité des populations camerounaises.

« Ainsi donc, la « rébellion » dont nous sommes coupables […] n’est autre chose que la rébellion du nationalisme Kamerunais envers la trahison nationale et nous ne pouvons que nous féliciter d’être à l’avant-garde d’une telle rébellion qui est à l’heure actuelle le plus sacré des devoirs que l’Histoire ait assigné aux patriotes Kamerunais. » Ruben Um Nyobe, in « Démission ou complicités françaises dans l’aggravation de la situation au Kamerun oriental », maquis, 2 décembre 1957.

Il nous a montré que très souvent, refuser de se laisser aller au jeu mesquin actuel des institutions “piégées” était la meilleure façon de préserver l’essentiel.

« Qu’on ne croît pas […] que nous nous laisserons intimider par les fusillades, les pillages et les tortures pour renoncer à notre noble mission qui est de continuer le bon combat pour la réunification et l’indépendance immédiates de notre beau et riche Kamerun. » Ruben Um Nyobe, in « Démission ou complicités françaises dans l’aggravation de la situation au Kamerun oriental », maquis, 2 décembre 1957.

Les chrétiens savent que Jésus refusa tous les trésors de la terre pour rester fidèle à Dieu. Um Nyobe refusa les honneurs et le pouvoir pour rester fidèle à l’idéal d’émancipation du peuple kamerunais.

Vivement que surgisse, dans la génération actuelle, des personnes dotées des mêmes caractéristiques, pour parachever l’œuvre amorcée il y a plusieurs décennies.

*7 – Le sens de la véritable citoyenneté*

Nombreux sommes – nous en tant que Camerounais à qui on dissuade de faire la politique. Cet état des choses n’est pas nouveau. Um Nyobe et ses pairs étaient déjà confrontés à cette situation et mettaient en garde leurs compatriotes contre les dangers de « l’apolititisme ».

Ci – dessous, un aperçu de ses points de vue sur la question.

a) Tout est politique

« Nous avons insisté auprès de nos compatriotes, auxquels l’on prodigue des conseils pour les mettre en garde contre la politique – cette « dangereuse entreprise » et nos compatriotes surtout les intellectuels, de dire qu’ils ne s’occupent pas de politique, parce qu’ils préparent on ne sait quelle situation matérielle – Nous avons donc insisté auprès d’eux pour leur montrer la tromperie que consistait une telle campagne. Tout est politique et tout s’encadre dans la politique. La religion est devenue politique. Le commerce est politique. Même le sport est politique. La politique touche à tout et tout touche à la politique. Dire que l’on ne fait pas de politique, c’est avouer que l’on n’a pas le désir de vivre. C’est pourquoi nous estimons qu’il faut, avant tout, se battre pour les libertés fondamentales gage essentiel du succès matériel. » Ruben Um Nyobe, extrait du « Rapport présenté au 2ème Congrès statutaire de l’UPC », Eséka, 29 septembre 1952.

b) Si tu ne fais pas la politique, la politique te fera

« Des Africains naïfs ou de mauvaise foi, pour justifier leur renoncement à la défense de nos intérêts, prétendent ne pas faire de politique, parce qu’on leur a dit dans les couloirs administratifs que la politique est une mauvaise chose. […] Ne faites pas de politique, pour l’Administration et le Gouvernement colonialiste en général, signifie simplement qu’il ne faut pas défendre vos intérêts. Cela peut se traduire aussi : « Ne faites que ma politique, celle qui approuve mon arbitraire et mes illégalités » Ruben Um Nyobe, extrait du « Rapport présenté au premier congrès de l’UPC », Dschang, 10 avril 1950.

« Si vous refusez de faire la politique qui consiste à lutter par tous les moyens et sous toutes les formes pour l’émancipation de notre pays, vous laissez le champ libre aux colonialistes pour leur politique criminelle, celle du travail forcé, de l’indigénat, de l’exploitation éhontée de nos richesses, des emprisonnements et des assassinats. » Ruben Um Nyobe, extrait du « Rapport présenté au premier congrès de l’UPC », Dschang, 10 avril 1950.

En guise de conclusion…

En guise de conclusion, une chose est évidente : nous avons bel et bien reçu, de la part de Um Nyobe et de ses camarades, un héritage.

Cet héritage comprend des acquis et une histoire de luttes dont nous pouvons à juste titre être fiers. Mais il comprend également des chantiers inachevés et des blessures qu’il convient de guérir.

Plusieurs questions nous sont alors posées aujourd’hui :

· En quoi consiste notre mission historique aujourd’hui ?

· Comment pouvons – nous l’accomplir ?

· Quelle sera notre contribution particulière ?

Pour y répondre, nous aurons toujours à nous rappeler quelques-unes des caractéristiques de ces ancêtres de l’avenir que furent les hommes et femmes de 48, à savoir :

i. L’audace d’espérer et le courage d’oser inventer un avenir différent

ii. Le refus de la résignation, le sens de l’engagement et le souçi de la cohérence

iii. Le sens de l’organisation

iv. L’esprit de rassemblement, d’unité et de fraternité

v. Le travail de terrain aux côtés et au sein des masses

vi. L’intégrité et le sens du sacrifice

vii. Le sens de la véritable citoyenneté

13 septembre 1958 – 13 Septembre 2021 : 63 ans déjà…

*Gloire au Mpodol et à ses camarades !*

Source: Franck Essi

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