Au Rwanda, Radio Mille collines a fait plus de mal aux Hutus qu’aux Tutsis: En sera-t-il de Vision 4 ?

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Au Rwanda, Radio Mille collines a fait plus de mal aux Hutus qu’aux Tutsis.En 1993, une nouvelle radio naît au Rwanda. Elle est une initiative de certains membres du parti MRND (Mouvement révolutionnaire national pour le développement) du président Juvenal Habyarimana, au pouvoir depuis 20 ans et des dirigeants de certains partis alliés au MRND, dont Jean Bosco Barayagwiza de la Coalition pour la défense de la République (CDR).

Le leader dans cette action est un universitaire respecté ayant occupé plusieurs fonctions officielles dont celles de doyen de faculté, Directeur de la Radio nationale ou directeur de l’agence rwandaise d’information, Ferdinand Nahimana. Ces deux personnalités et 9 autres furent arrêtées en mars 1996 au Cameroun, grâce à l’action conjuguée de la Ligue camerounaise des droits de la personne, la Gendarmerie de Yaoundé, dirigée par le Lt-colonel Baleguel Manguele et le ministre de la Justice, Douala Moutomè.

Cette radio se fait appeler Radio Télévision libre des Milles collines (RTLM). Elle a pour objectif affirmé, de concurrencer la radio des rebelles Tutsis, Radio Muhabura et de faire un pied-de-nez à la radio nationale, Radio Rwanda, jugée pas assez percutante contre l’opposition et les Tutsis qui voulaient « prendre le pouvoir ».

En février 2014, Valérie Bameriki, une ex animatrice vedette de cette RTLM témoigne devant la cour d’assise de Paris contre un ex officier du régime déchu, Pascal Simbikangwa. Son témoignage confirme que des responsables politiques et militaires venaient régulièrement à la radio pour donner des instructions aux animateurs.

Amougou Belinga, Président de Vision 4

Après la chute du MRND, Bemeriki s’était réfugiée au Zaire en 1994 mais a été arrêtée le 13 juin 1999 par l’armée d’occupation rwandaise au Sud-Kivu (Province de la RDC). Elle a été inculpée par le procureur de la République de Kigali d’incitation au génocide par le biais de la RTLM. Elle a été transférée au Rwanda peu après son arrestation.

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Dès les premiers jours de son arrestation, elle a confié aux journalistes qu’elle reconnaissait avoir incité les gens au génocide en 1994 et regrettait, «prête à demander pardon au peuple rwandais». Elle a plaidé coupable devant le tribunal «Gacaca» de Nyakabanda, à Kigali, avouant avoir lancé sur les ondes de la RTLM des appels à rechercher et tuer les Tutsis.

Cette radio qui n’a jamais eu pour objectif informer et éduquer les populations a causé plus de torts à ceux qu’elle prétendait défendre, les Hutus. Parce que les membres du MRND et leurs alliés avaient été battus depuis longtemps sur le terrain de la communication et de la propagande, tant à l’intérieur du Rwanda que dans les zones diplomatiques influentes du monde : Europe, Amérique du nord, Afrique.
Dans la brutalité la plus imbécile, les prétendus défenseurs d’Habyarimana n’ont jamais été capables de proposer un débat politique pour mieux contrer les attaques militaires ou propagandistes des rebelles venus d’Ouganda. Là où il fallait parler politique, démonter les vraies origines de la guerre dans le pays, ils lançaient des appels à la haine tribale.

Parfait Ayissi, animateur à Vision 4

Quand je travaillais au Cameroun, des amis et cousins se réclamant du régime (parce que Bétis ou l’inverse, je ne sais plus) me faisaient le reproche de travailler toujours avec les Bamilékés. Un jour, lassé par cette remarque, j’ai dit à un groupe qui était venu m’en parler qu’ils devaient avoir honte de dénoncer « les médias des Bamilékés ». Je leur ai dit : « Vous êtes au pouvoir depuis 20 ans (à l’époque) vous n’avez même pas été capables de créer ne serait-ce qu’un hebdomadaire de 8 pages ou une radio pirate. Vous squattez la Crtv et Cameroon Tribune et vous vous tordez d’aigreur face à la réussite des autres ?»
15 ans plus tard, les journalistes d’une télévision affirment ouvertement que leur média a été créé pour s’opposer aux autres ethnies (ou à une certaine ethnie) qui veut prendre le pouvoir.

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Comme avec la RTLM de Kigali, il n’est pas interdit de s’imaginer que des pontes de l’actuel régime, militaires et civiles, rôdent autour de cette radio comme des hyènes affamées, cherchant à dévorer les gens de l’ethnie « opposante ». Tout ceci va mal se terminer. Ça se voit à distance

Malheureusement, comme avec certains Tustsis du Rwanda, les débordements extrémistes de certains membres de cette ethnie pointée du doigt ne rassurent pas sur l’honnêteté du combat qu’ils pensent mener contre le régime que veut défendre la radio-tribale-anti-tribaliste de Yaoundé.
Les dérives verbales sont certes comptées dans les deux camps, mais un seul camp possède un média

dominant qui aligne dérapage sur dérapage. Son activisme néfaste a fait projeter de toute la communauté hutu du Rwanda l’image d’un peuple assassin, haineux et coupable de génocide. Ce sont les Hutu qui ont été jetés en prison, à tort ou à raison, dont la plupart pour avoir tout simplement relayé la parole haineuse de Radio Mille Collines.

Ceux qui veulent défendre le régime de Yaoundé (en le réduisant au régime des Yawondè) par la haine arrogante et les appels à la mort creusent les tombes de leurs cibles mais compilent eux-mêmes les dossiers (numériques, donc impérissables et disponibles partout) qui vont les conduire devant les tribunaux.

 

Venant Mboua

 

Photos illustratives de Icicemac.Com

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