Regain de violence et crainte d’escalade dans les régions anglophones camerounaises

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Quatre gendarmes et au moins un civil ont été tués depuis lundi 6 novembre par des assaillants non identifiés dans la ville de Bamenda et sa région. Du coup, la psychose a à nouveau gagné ces régions en proie à une grave crise socio-politique depuis un peu plus d’un an. Le 1er octobre dernier, des sécessionnistes y avaient symboliquement proclamé leur indépendance et les violences de ces derniers jours porteraient leur signature, selon des observateurs.
La ville de Bamenda est littéralement sur les dents. Mercredi au terme d’une réunion de sécurité convoquée en urgence dans les services du gouverneur, le préfet du département de la Mezam a signé un arrêté restreignant les mouvements de populations entre 22h et 5h du matin.
Des patrouilles de police sillonnent sans arrêt les artères de la ville. De même que la surveillance des édifices publics, déjà considérable depuis des mois, a été renforcée. Les gendarmes qui ont perdu quatre de leurs camarades dans ces incidents sont particulièrement à cran. Dans l’arrondissement de Ndu à 130kilomètres environ de Bamenda, ils sont parvenus à faire échec à un assaut sur la brigade de gendarmerie du coin.
Selon une source militaire sous anonymat, deux assaillants ont aussi été tués, plus une victime civile, une dame. Les enquêtes en cours n’ont pas encore permis d’identifier formellement ces assaillants. Les enquêteurs exploitent les données des téléphones portables retrouvés sur les corps de ces derniers. En plus de l’examen des douilles récupérées sur les sites où ces événements se sont produits.

■ Beaucoup évoquent aujourd’hui le risque d’escalade
Cela fait plus d’un an que la crise perdure. Un an de contestations ponctuées de journées villes mortes, de grèves, de manifestations. Plus d’un an de répression aussi, notamment après la proclamation symbolique de l’indépendance de l’ « Ambazonie » le 1er octobre dernier.
« La réponse des autorités n’est pas appropriée. Aujourd’hui, nous risquons l’escalade », explique une source anglophone qui regrette qu’il y ait de moins en moins de place pour un discours modéré. « Un anglophone qui se dirait aujourd’hui favorable au fédéralisme est coincé : d’un côté le pouvoir central ne veut pas entendre parler de fédéralisme, et de l’autre côté, les sécessionnistes vont l’accuser de faire le jeu de Yaoundé. »
Le 28 octobre quand l’avocat Felix Agbor Balla Nkhongo, l’un des leaders de la minorité anglophone, a lancé un appel à la reprise de l’école, sa résidence familiale a été incendiée.
Aujourd’hui, les leaders sécessionnistes sont en exil, certains au Nigeria, d’autres aux Etats-Unis et en Belgique. Ils communiquent sur les réseaux sociaux, les messages se  radicalisent. « Pour le  moment ce sont des actes isolés, qui risquent de se multiplier, mais les activistes ne disposent pas encore de moyens suffisants pour lancer des attaques massives, explique le centre d’analyse International Crisis Group. Ce sont là les prémices d’une insurrection de basse intensité. »
http://www.rfi.fr/afrique/20171109-cameroun-regain-tension-violence-regions-anglophones

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