Suspendue pour 3 mois suite aux accidents récurents, Général change de nom d’affaire et que faire?

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Les bus des agences de voyage continuent de s’illustrer au Cameroun par des accidents de circulation au cours desquels plusieurs personnes perdent leur vie. Ceci, malgré les sanctions administratives et même pécuniaires qui sont régulièrement prises à l’encontre des agences, des promoteurs et des chauffeurs. La dernière actualité signale 15 morts dans un accident survenu dans la nuit du 23 au 24 octobre sur l’axe dit lourd Douala -Yaoundé non loin de la localité de Boumnyebel. Cet accident à mis aux prises, un bus de l’agence “Général Voyages” et un camion grumier selon la police. En cause, une chaussée particulièrement glissante à cause d’une traînée d’huile de palme issue d’un camion citerne défectueux.
Jusque là, les autorités en charge de la prévention et de la répression routières attendent souvent l’occurrence d’un accident spectaculaire pour prendre des sanctions contre l’agence incriminée. C’est ce qu’a fait le ministre des Transports dans une décision suspendant d’activité l’agence “Général Voyages ” pour une durée de 3 mois et le chauffeur en cause pour une durée de 1 an.
Mais on constate que les mêmes agences, usant parfois d’entourloupe et de corruption, réussissent à se remettre en selle et parviennent à la récidive dans les accidents de la circulation quelques temps après la levée de leur suspension . Il en est ainsi de l’agence « Général Voyages » qui procéderait actuellement à un changement de nom pour essayer de contourner la sanction.
Il est un fait aujourd’hui que, nonobstant le mauvais état de certaines routes ou encore le caractère défectueux des véhicules, la cupidité et l’incurie des patrons d’agences de voyage, l’imprudence ou le manque de vigilance des chauffeurs sont pour beaucoup dans les causes des accidents de circulation au Cameroun.
Un autre fait est aussi que, faire un accident mortel pour une agence de voyage est une très mauvaise affaire, non pas forcément a cause des morts que le promoteur portera sur sa conscience, mais surtout a cause de l’image désastreuse de cercueils ambulants que porteront désormais leurs bus dans l’inconscient collectif. D’ailleurs la population ne voit dans les accidents des bus des agences de voyage que la conséquence d’une transaction maléfique entre le promoteur de l’agence de voyage et le diable.


On constate à l’observation qu’avant les réseaux sociaux et l’instantané dans le traitement de l’information qu’ils offrent,, lorsqu’un bus faisait l’accident, les responsables de l’agence de voyage s’empressaient de dissimuler le nom de l’agence notamment en procédant à un prompt enlèvement de la carcasse ou en oblitérant les inscriptions sur le bus. Ceci, afin que les voyageurs ne puissent pas rentrer en possession de l’information par rapport à l’appartenance du bus accidenté.
C’est dans ce construit socio-anthropologique, dans cet imaginaire partagé et surtout dans cette réaction imbibée de honte des responsables des agences de voyage et de peur de l’opprobre que nous allons construire notre problématique de la lutte contre des accidents de la route par l’activation de la sanction sociale. Ceci a travers les étoiles noires.
Par cette proposition, nous voulons amener les agences de voyage à adopter des comportements et des attitudes à même de préserver la vie humaine et mettre la vie de l’homme au centre de leurs préoccupations. Elle vise surtout à donner des éléments objectifs aux voyageurs par rapport à la sécurité dans le transport, afin qu’ils décident souverainement de voyager dans une agence plutôt que dans une autre. Elle veut enfin éviter aux autorités le piège de l’arbitraire et de la surenchère.
Cette proposition tire sa source de la tradition africaine où il est plus question de sanction socio-anthropologique que de sanction administrative et pécuniaire. En effet, dans l’Afrique antique le bannissement des personnes ayant enfreint la loi, était de loin, plus lourd que la prison ou même la condamnation à mort. Nous souhaitons que seule la société consciente se charge de sanctionner une agence de voyage meurtrière en la boycottant. Boycott qui pourrait conduire à sa faillite tranquille.
Dans la méthodologie à adopter, il est question de mettre sur pieds au Ministère des Transports, une cellule chargée de recenser le nombre de morts par agence de voyage. Ensuite, il faut définir le nombre de morts devant valoir une étoile noire. Par exemple, on peut décider que 10 morts valent à l’agence une étoile noire. Ces étoiles seront obligatoirement inscrites sur chaque bus de l’agence de voyage incriminée.
Au bout d’un temps arrêté, par exemple tous les 6 mois, il est fait un bilan et les étoiles noires décernées aux agences présentant les morts pendant cette période. Plus une agence portera les morts d’homme sur la conscience, plus le nombre de ses étoiles noires sera élevé.
Les agences de voyage pourraient développer des comportements responsables à même d’éviter l’opprobre qui accompagne les étoiles noires ainsi que la chute drastique prévisible du nombre de voyageurs empruntant leurs bus. Elles contribueront ainsi à assurer la sécurité des voyageurs.
Par Etienne de Tayo
Journaliste Tél. : 699 05 73 02 Mail : tayoe2004@yahoo.fr

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