Et si c’était elle ? Alternance. De nombreuses simulations de la succession à venir à la présidence de la République

Et si c’était elle ? Alternance. De nombreuses simulations de la succession à venir à la présidence de la République
sont faites. Rarement, il est présenté comme favori une femme. L’élection présidentielle est prévue pour 2025 mais, c’est depuis longtemps que des analystes et experts multiplient les modélisations des scénarios attendus ou voulu. Notre confrère Jeune Afrique, renommé pour son traitement d’ampleur et de pertinence des questions politiques dans le continent, n’est pas en reste.

Dans sa première parution de l’année, celui qui s’est fait une spécialité de trouver des dauphins au Cameroun, est reparti d’une curieuse façon. Cette fois, dans son article “Qui sera le patron du Grand Nord ?”, le journal ne présente plus trop le “dauphin putatif” mais, de son escorte. Il prend prétexte de la grand messe du 06 novembre
dernier à Garoua, pour parler de “personnalités” qui seraient incontournables pour percer le verrou de ce qu’il décrit dans son exorde comme “la région, réservoir de voix, dans la succession de Paul Biya…” et de présenter les trois qui vont faire le game.

Tous, issus de la bonne cuisse, ils ont fait la bonne école, ont été désigné à de haute fonctions par l’ami de papa, ont acquis une bonne connaissance des dossiers et ont un carnet d’adresses à l’international (au cas où) des plus pertinents. Les deux ministres et le chef traditionnel, partagent avec le “dauphin putatif”, Franck Biya, la possible qualité politique de n’avoir pas exposé une ambition présidentielle, de n’avoir aucun discours notable qui les démarque, ni une ligne de pensée perceptible qui les distingue. Ils sont juste du parti de Paul Biya et donc prétendent détenir le bien universel, par élection biologique divine. Ils auraient à la main, “le réservoir de voix” qu’on les imagine mettre à disposition du dauphin.

C’est du moins la crainte de beaucoup. Seulement, ce réservoir, est fait d’électeurs et surtout d’electrices dont on ne parle jamais. Et si c’était l’une d’elles qui devenait la lauréate de la succession ? La question turlupine Djamila B., passionnée de la gestion de la chose publique, et fine observatrice de l’actualité sociale et politique des régions septentrionales. ” Les femmes du grand Nord de par la culture et par extension la religion musulmanne
mal comprise, parce que la religion en elle-même n’interdit pas l’éducation et l’émancipation de la femme, ces femmes n’osent pas se lancer en politique.

Mais, des exemples dans l’histoire contredisent de préjugé. Aissatou Yao, par exemple, à fait de la politique des la fin des années 1970 et à émergé dans le Rdpc au point d’en devenir pendant des décennies la présidente nationale des femmes. Elle a en outre occupé des fonctions ministérielles respectables.

Plus récemment Haman Adama, puis Hadjidjatou Youssoupha Alim ont été des ministres de premier plan. “, démontre-t-elle. Elle poursuit :”Sur le plan intellectuel les femmes de ces régions ont un très bon niveau. J’en connais une bonne vingtaine à l’université de Maroua qui sont titulaires d’un Phd. Et elles sont aussi nombreuses à Ngaoundere et
dans d’autres universités du pays un fossé entre être intellectuelle et s’intéresser à la politique.

A regarder la pratique politique dans les régions septentrionales, une impression qu’il y a du suivisme, voire du panurgisme me reste. Le politique, à tout fait pour utiliser l’identité “nordiste” pour isoler ces populations de la communauté nationale et les diviser. On peut observer six types de divisions dans ces régions : religieuses, éthniques, économiques, professionnelles (ou corporatistes), sexistes et de classes sociales.

Par exemple, tout a été fait pour marquer une division entre les musulmans et les autres confessions. Des expressions péjoratives ont été inventées pour essentialiser des communautés. Il y auraient des islamo-peulhs pour les musulmans
(privilégiés de l’ancien pouvoir) et les kirdis , animistes et les chrétiens (eux, ramenés à la condition d’asservis et d’ opressés par ce même pouvoir).

Un discours à été construit dès l’époque coloniale pour differencier les uns des autres et un narratif édifié souvent sur des sources secondaires plutôt que par des personnes ayant vécus ces faits de discriminations allégués. Sur le plan économique, ceux qui faisaient les champs des “cultivateurs” sont deconsidérés (malgré le discours officiel de promotion du travail de la terre), par rapport à ceux qui font du commerce et de l’élevage, taches moins sales et qui
sont qualifiés ( d’hommes d’affaires ou de bourgeois).

Des divisions entretenues qui paraissent ineptes de nos jours mais, qui ont encore un gros impact dans les imaginaires. Empêtrés dans ces ressentiments qu’on leur a commandé, les populations ont délégué la pratique politique à des aînés, des élites. Des personnes souvent désignées par le politique pour contrôler avec habilité l’action publique. Ces gens sont souvent en place, depuis le lendemain des indépendances. Djibril Cavaye Yeguie, Bello Bouba Maigari, Luc Ayang, Ahmadou Moustapha… Arrivés aux affaires à 25, 26 ans et élus, ils ont promis l’égalité des droits
pour tous.

Aujourd’hui, ils ont presque tous brigués des chefferies traditionnelles, une institution antidémocratique et
inégalitaire dans son essence, puisque la dévolution y est monarchique. C’est pour cette raison que beaucoup leur reprochent de confisquer des positions et de bloquer l’ascension de plus jeunes “, démontre notre source.” Qu’importe les partis politiques, de gauche ou de droite. En général la régénération des politiques est entravée. Les femmes dans ce maelström occupent une place secondaire. Les coutumes autres usages “culturels” ne leurs prévoient ni la préseance ni la prééminence. Celles qui osent se mêler de politique, sont juste bonnes à écouter et à accompagner, pour sacrifier à l’exigence constitutionnelle de la parité. Aucune n’est en concurrence avec les hommes. Elles battent leur coulpe et ça arrange les hommes. Celles qui rarement sont désignées à la dignité par décret, sont victimes d’une violence politique inouïe. Il y a une urgence de l’initiation d’une classe politique féminine dans les régions septentrionales.


Cette initiative n’est pas à attendre des hommes. Les femmes
l’ont compris . Elles sont allé chercher du soutien et un parrainage politique hors de cette communauté. Derrière chacune, il y a une histoire. Mais, on n’a plus besoin de ça. On a besoin de femmes qui se font une structure politique par elles-mêmes. “


Et de poursuivre : “Les femmes ne votent pas leurs sœurs. La sororité en politique n’existe pas. Les femmes se concurrencent vivement, c’est dans notre nature. Par exemple, un gynécologue homme a plus de succès auprès de sa patientelle que son homologue femme pourtant avec les mêmes compétences si non avec de meilleures qualifications, simplement parce qu’elles ne veulent pas que des femmes comme elles leurs fassent certaines observations ou ne découvrent quelques faiblesses.

C’est peut-être moins vrai en milieu musulman où les femmes n’acceptent pas de se faire ausculter par des hommes mais, c’est l’esprit et n’eut été la contrainte religieuse, je parie qu’on observerait la même défiance. En réalite, chez les femmes du septentrion, il y’a des personnes de qualité mais, elles n’ont pas le soutien naturel de leurs consoeures. Il faut une éducation de l’ensemble des femmes à la sororite. “What the man can doing, woman can doing it, even better”, dit l’adage. Paradoxalement, celles qui osent se lancer sont plus soutenues par des hommes que par leurs consoeures. Ce qui conduit à déduire que le pouvoir au Cameroun est détenu par des hommes parce que les femmes sont majoritaires dans la population. Pour ce qui est de la parité, elle n’a pas été introduite parce qu’on aime voir les femmes au pouvoir. C’est juste un moyen pour attirer leur électorat. Le monde politique, du pouvoir au Cameroun est une caste fermée. On y entre par cooptation, si on ne vous connaît pas, on ne connaît pas votre père, il ne reste plus que l’argent ou le droit de cuissage “. Habiba Issa, est la présidente de l’Union des populations du Cameroun (Upc), elle est aussi patrone de l’entreprise First consulting une Sarl. Par ailleurs, elle dirige l’association caritative Believe Africa. Mariée et mère de deux enfants. C’est d’un œil expérimenté qu’elle observe la politique. “L’environnement so ciopolitique de notre pays brille par le machisme. Au fil du tempsceci a été construit par le système en place. De sorte que les femmes sont reléguées à une place subordonnée où les politiques les maintiennent. En politique on s’évertue à les cantonner dans des rôles mineurs, dévalorisants. C’est un projet machiavélique et ça marche bien. C’est donc voulu par les hommes politiques d’éloigner les femmes de la succession de la présidence de la République. De sorte qu’aujourd’hui quand on voit une femme se dresser ce qu’on regarde, c’est la couleur de sa jupe ses parures ou son maquillage. On prête très peu attention à ce qu’elle dit. Aucun parti politique n’est en reste. Je ne parle même pas du Rdpc. Là bas, c’est impensable. La situation des femmes en politique dans les régions septentrionales est une situation complexe qui peut s’expliquer par la culture et la religion.

A la dernière élection présidentielle j’ai bien été candidate à la candidature pour le compte de mon parti Upc. De multiples problèmes internes n’ont pas permis à ce que cette candidature aboutisse. Je suis à peu près certaine que j’aurais battu le candidat du Rdpc. Cette candidature avait aussi pour but de briser certains tabous. L’Union démocratique des femmes (Ufedec) organe spécialisé de l’Upc est à pied d’œuvre pour que des femmes dans le septentrion se présentent à l’élection présidentielle. Malgré un programme machiste de lobotomisation de la femme kamerunaise qui a fini par faire de nos consoeures de ces régions du bétail électoral au service des hommes. Cependant, l’histoire nous enseigne que les femmes ont toujours été en tête de ligne des grandes révolutions. Cette fois ci, nous sonnerons la révolte dans les urnes. ” Édith Kabang Walla, est présidente du Cameroon people party, (Cpp). Elle a été surtout la seule candidate féminine à la dernière élection présidentielle. Son analyse politique est d’un raffinement réputé.” Je pense que nous vivons dans une société où le pouvoir et notamment le pouvoir du président de la République se conçoit encore au masculin.

Nous sommes dans une société où l’histoire, la culture, l’habitude à donné le pouvoir aux hommes, que ce soit dans les familles, dans les entreprises, que ce soit dans les conseils municipaux ou à l’Assemblée nationale. Et donc pour ceux qui analysent, le pouvoir au sommet de l’Etat serait celui d’un homme. Personnellement, je pense que le Cameroun est encore capable de créer des surprises dans ce domaine. En tant qu’une femme qui a été et qui demeure candidate à la prochaine présidence de la République du Cameroun mon travail sur le terrain me démontre que le Cameroun est bien capable de créer une surprise en ce qui concerne le leadership féminin à la tête de l’Etat “, proclame t’elle.


Elle a aussi son avis sur cette focale mise sur les régions septentrionales.” l’insuffisance de la participation des femmes aux processus électoraux, globalement, que ce soit en tant que candidates, électrices, scrutatrices ou autres officielles dans le processus électoral, n’est pas surprenant. Il est important de savoir que dans une dictature, et le Cameroun en est une, la population ne croit plus aux processus électoraux et encore moins les femmes. Ce qu’on oublie, c’est que dans les sociétés qui sont déstabilisées, dans les communautés où ça ne va pas, où il y’a de la violence, où il y’a
des conflits armés, où il y’a un fort chômage et de la pauvreté, on oublie que personnes qui travaillent pour faire tenir les communautés, faire à ce que les enfants puissent continuer à manger, pour faire qu’il y ait un minimum de cohésion pour assurer la survie de ces communautés.

Ces personnes là, se sont les femmes. Et donc, elles n’ont pas de temps pour des exercices futiles. Les femmes qui sont dans la situation où elles doivent la survie des familles et la survie de leur communauté, il est difficile de les convaincre de venir voter, si elles estiment que l’acte de voter n’apporte aucune solution aux problèmes aux quels elles font face. Je crois que c’est moins une question de soutenir une femme et plus une question de :est-ce qu’elles croient même aux processus électoraux, est-ce qu’elles participent ? Je dirais qu’elles ne soutiennent non plus les hommes, elles ne participent simplement pas ! Je vais peut-être vous surprendre mais, autant je crois que c’est très important qu’on s’assure que les femmes soient présentes à tous les niveaux d’un processus électoral dans un pays, autant c’est leur droit et l’obligation de tous ceux qui conduisent ce processus là, de tout mettre en œuvre pour que les femmes puissent participer pleinement.


Je ne crois pas en voter pour voter pour une femme. Ça n’a pas de sens. Autant c’est le droit des femmes de participer, autant lorsqu’elles participent ce qu’elles doivent rechercher c’est la candidate qui répond à leurs aspirations de leadership pour le pays. ” La candidate à l’élection présidentielle reconnaît” les femmes des régions septentrionales commencent tout juste à être conscientes du pouvoir qui est le leur. C’est un poids politique énorme au Cameroun.
Elles possèdent la capacité de déterminer qui sera le chef de l’Etat. Beaucoup sont très capables d’être à la tête du Cameroun et de gouverner mieux que les hommes que nous avons connus . Je crois que c’est une question de temps et on aura de jeunes femmes qui vont se rendre compte de l’opportunité qui est la leur et qui auront suffisamment confiance en elles-mêmes. En leurs capacités dese présenter pour briguer la présidence de la République. C’esten route, il faut qu’on accélère, qu’on aille plus vite, qu’on y aille de façon plus intense mais, je crois que nous sommes sur la bonne voie. “


Source: Aziz Salato – Le jour n°3844 du jeudi 26 janvier 2023

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