Venant Mboua revisite le fameux “triangle équilatéral” du Pr. Roger Gabriel Nlep

Le Professeur (un vrai) Roger Gabriel Nlep a posé que le pouvoir politique est confisqué au Cameroun, depuis l’indépendance par trois groupes d’ethnies repartis géographiquement sur les trois sommets de l’espace triangulaire qu’est le Cameroun.

Sommet 1: le grand nord, des Kirdis et des peulhs
Sommet 2: le centre-sud-Est, des Ekangs et ethnies alliées;
Sommet 3: l’ouest, des Ngrafi (Grasfields ou Bamiléké), qu’ils soient francophones ou anglophones

Dans un article publié il y a plus d’une dizaine d’années et mis en ligne par le site peuplesawa.com, le Pr Albert Mandjack, actuellement conseiller technique aupres du recteur de l’Université de Dschang , précisait la pensée de Nlep. Selon lui, Roger Gabriel Nlep estime que, “depuis l’indépendance et même depuis l’autonomie interne, ces trois groupes confisquent le pouvoir soit en se le partageant (ce qui est plus fréquent) soit en se succédant à des responsabilités (par rotation). Ces groupes réduisent les autres soit à la marginalisation totale soit à leur servir d’appoint dans leur prétention à demeurer éternellement au pouvoir”.

Le regretté professeur Roger Gabriel Nlep

Je me suis amusé à revisiter l’attribution des postes au sommets de l’État actuel et j’ai abouti à ce résultat:

Président de la République, Numéro 1 de l’État: Paul Biya, Yezoum né au Sud Cameroun
Président du Sénat, Numéro 2 de l’État: Marcel Niat Njifendji, Ngrafi de l’Ouest Président de l’Assemblée nationale, numéro 3 de l’État: Cavaye Yeguié Djibril, Kirdi de l’Extrême-nord

Dans la suite vous serez surpris, comme moi, de vous rappeler ceci
Premier ministre: Yang Philemon, Ngrafi du Nord-ouest; Président du conseil constitutionnel: Clément Atangana, Beti du Centre; président du Conseil économique et social: Ayang Luc, Kirdi de l’Extrême-nord
Au sein du Rdpc, parti au pouvoir, le SG du parti est Jean Nkuete, Ngrafi de l’Ouest; les SGA, sont Grégoire Owona, Béti du Centre et Hamadjoda Adjoudji (qui vient de mourir), Mambila de Banyo dans l’Adamaoua.
Même les fonctions symboliques de vice-premier ministre sous Biya ont toujours été attribuées en alternance à un Ngrafi (Niat Njifendji, Jean Nkuete), un Béti (Gilbert Andze Tsoungui), un Kanuri de l’Extrême – nord (Amadou Ali).

Vous pouvez poursuivre l’exercice ailleurs au sein de l’État
La paix a toujours été leur paix, leur entente consensuelle ou imposée.
En dehors de la guerre nationaliste, les crises ont toujours été leurs crises:
– en 1958, la crise à l’Assemblée a opposé Mbida le Béti à Ahmadou Ahidjo, le Peulh
– la crise du bicéphalisme en 1983 a opposé Biya le Béti à Ahidjo le Peulh
– le coup d’État du 6 avril s’est avéré une bataille rancunière entre Kirdi/Peulhs du grand nord et les Ekangs du centre-sud
– en 2018, il se trouve qu’un Ngrafi de Baham, Maurice Kamto, a décidé de rompre le consensus apparent qui voudrait que l’un des sommets soit toujours tenu en alternance par le Nord et le Sud. il est à la conquête de ce sommet du triangle. Ce qui énerve les occupants actuels et étonne tous les autres peuples gouvernés, installés à l’intérieur du triangle et servant de temps en temps d’appoint aux occupants des sommets.

– Il faut remarquer que c’est la 2e fois que le Triangle national connaît une crise postélectorale. En 1992, c’est déjà le Ngrafi de Santa dans le Nord-ouest, John Fru Ndi, qui avait essayé de conquérir ce sommet.
Vivement la paix. Pour nous tous!

Venant Mboua

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