Le syndrome du premier de la classe

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Apres les élections présidentielles du 07 Novembre dernier, le Prof Maurice Kamto s’est déclaré vainqueur et il a revendiqué sa victoire, mettant du coup à mal tout le plan que le gouvernement de Paul Biya avait préparé pour le déclarer vainqueur.

La victoire lui a été refusée, comme chacun s’y attendait, puis il est entré en résistance et chacun connait la suite. Pour se maintenir au pouvoir, le RDPC a cru bon de réveiller le plus hideux des démons que la colonisation Française nous a laissé, le tribalisme. Depuis lors, il y a ca et la des éléments de haine qui se disent à l’endroit des Bamilékés, comme-ci c’était tous les Bamilékés qui avaient réclamé leur victoire aux élections, comme-ci c’est mauvais pour un compétiteur de revendiquer sa victoire à la fin de la course; nous les voyons tous lever le point en signe de victoire avant d’attendre que les juges les désignent comme vainqueur ; comme-ci le Prof Kamto est tout seul a réclamer cette victoire, alors que les Kingue, Ekoka, Bibou Nissack, Ndoki, Muna, Valsero, Nouma et plein d’autres Camerounais de très grande valeur, sans compter la très grande majorité des Camerounais anonymes qui rêvent d’un changement, proclamaient cette victoire, continuent de croire en cette victoire et attendent que le pouvoir soit remis au vainqueur.


Mon frère m’a posé donc la question hier de savoir pourquoi moi, oui moi, je me moque de ces gens qui insultent les Bamilékés. Je lui ai répondu en ces termes :
Je ne me moque pas seulement de vous qui criez contre ces gens, je vous méprise, mais je ne vous le dis pas parce que en même temps vous me faites pitié, oui profondément pitié. C’est le syndrome du premier de la classe.
Je ne sais pas dans quelles écoles tu étais et je ne sais pas si tu étais fort. Tout ceux de ma génération qui sont allés à l’école au Cameroun et qui étaient les premiers, comme moi, comprennent très vite ce qui se passe avec les Bamilékés, le syndrome du premier de la classe. Quand vous étiez parmi les premiers de la classe, c’était clair que vous aurez beaucoup d’ennemis, des camarades qui vont vous haïr, vous insulter, vous intimider et même vous violenter s’ils le pouvaient. Je me souviens des insultes qui étaient proférées à ceux qui portaient des lunettes et qui avaient des bonnes notes.

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Au lycée, les cancres, bien sûr aidés par les moins brillants, bref le clan des moyens, avaient élaborés des théories pour se consoler, théories vides qui pourtant à force d’être répétées étaient devenues des lois dans leur imaginaire. Par exemple, les bons élèves ne pouvaient pas être de bons joueurs de foot. Ils ne vous laissaient jamais jouer avec eux dans la sélection de la classe si vous étiez le premier : « Il ne peut pas être si bon avec son crayon et en plus jouer au foot mieux que nous ». Vous étiez carrément déclarés inapte à la pratique du sport s’il le fallait, juste pour être sûr que vous ne les domineriez pas aussi sur le plan de l’exercice physique.


Si vous aviez des bonnes notes en Maths, ils déclaraient que vous ne pouvez pas être bons dans les lettres, la connaissance du monde et autres matières dites littéraires. La même chose était décidée pour ceux qui savaient faire des bonnes dictées et des 15/20 en dissertation. Il n’a pas le droit d’avoir aussi de bonnes notes en Maths ou en Sciences physiques. Et si vous osiez avoir de bonnes notes partout, on vous taxait de tricheur, de fraudeur, les profs vous favorisaient, vos parents pratiquaient de la magie, etc.

Vous receviez en prime un nom d’oiseau bien puant, comme les cochons aux Bamilékés aujourd’hui. Une fille qui était forte en Maths ne pouvait pas être jolie. Les moyens avaient ainsi leurs âmes en paix dans leurs théories de l’équilibre.


Au lieu d’exprimer vos jalousies par rapport aux premiers de la classe, il faut les copier. Quand vous nous insultez, nous les premiers de la classe qui réussissons par la force du travail, savez-vous que ça ne nous dérange pas du tout? La raison est simple : les gens qui réussissent sont tout le temps en compétition avec les autres et avec eux-mêmes. Il n’y a pas de temps à perdre pour haïr ceux qui sont les derniers dans la course. Ils sont programmés pour avancer et surtout aller plus loin que hier, aller plus loin que l’autre. Je te jure que c’est très saint d’être comme ça.

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Mets-toi à l’esprit qu’il faut que deviennes chaque jour meilleurs que la veille, tu verras que tu n’auras plus le temps d’envier les réussites des autres. Pendant que les fainéants leurs crient sans aucune honte : nous allons vous arracher vos immeubles, les Bamilékés riches en planifient et en construisent. Ils sont programmés pour avancer.

Et si vous détruisez, soyez sûrs, ils vont en construire encore, même si c’est au Congo ou en Allemagne. Ils sont programmés pour réussir. Ils doivent avancer. Ils ne peuvent pas prendre du plaisir à ne pas être les meilleurs, car ils savent combien c’est minable d’être nul. Et sachez que si vous déclenchez une guerre, vous ne pourrez jamais gagner contre ces gens qui ont de la méthode et de la détermination dans ce qu’ils font. Ils ont de l’argent, ils ont des contacts, ils sont partout, ils savent s’organiser et en plus, les Français nous ont renseignés qu’ils savent faire la guerre. Ils n’ont été dominés par la France dans la guerre de l’indépendance que parce que la France avait versé du napalm sur tout leur territoire.


Je ne suis pas Bamiléké, mais très ami, frère et admirateur des Bamilékés. J’ai fini en lui disant que je suis quand-même fier de ce que ce ne soit qu’une minorité de Camerounais ignorants et aveugles qui cultive l’effort d’être des nuls. Surtout, je n’ai pas entendu une seule voix autorisée du peuple Douala réclamer les biens des Bamilékés.

Pour ça au moins, je crois que les moyens reconnaîtront bientôt leur place et enfin, nous allons apprendre à copier des meilleurs d’entre nous au lieu de vouloir détruire leurs réalisations et leur interdire de nous montrer le chemin du progrès.

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Dr. André Epée Ewane
Ingénieur Aéronautique, Allemagne.

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