Ndzana Seme appelle à une révolte du peuble Beti contre Paul Biya qui les a appauvris, marginalisés et fait d’eux des boucs émissaires consentants du régime

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Le régime Biya fait tout pour présenter les Beti, pourtant rongés par l’appauvrissement plus que la majorité des communautés ethniques du Cameroun depuis 38 ans, comme les boucs émissaires de ses échecs, sa corruption et son terrorisme.

Le régime Biya à la tête de la République du Cameroun, cet État françafricain conçu comme une «mangeoire nationale», favorise certains groupes ethniques et défavorise d’autres à travers les investissements publics de l’État, dont Paul Biya est le gestionnaire souverain.

Les pauvres paysans bulu et maka du Sud et de l’Est se voient arracher leur terre – qui est leur unique «choix d’évasion» multiséculaire une fois écrasés par l’État ou le capitalisme – par les «élites» bulu et leurs complices chinois. Leurs enfants sont devenus des déplacés internes chômeurs dans les villes du Cameroun.

Le fils beti, dont je suis l’un des exemples concrets, se voit refuser l’entrée dans les grandes écoles étatiques, puisqu’il ne dispose pas des enveloppes de corruption exigées par les «élites» de Biya et chiffrées en millions de francs Cfa, ou parce qu’il n’est pas recommandé par telle ou telle «élites», et ne sera jamais en position de pouvoir contribuer au développement de son village ou région.

Quand les «élites» de Biya veulent la chair humaine, très appréciée dans leurs rituels des sectes de sorcellerie et du satanisme, c’est la chair des enfants et femmes beti qu’ils préfèrent, comme on l’a vu avec les filles de Mimboman, de Nkolbisson et d’ailleurs, sous le silence incroyable de la communauté beti.

Au début de son règne, où il faisait systématiquement assassiner les véritables élites beti (Maître Ngongo-Ottou mon grand cousin, l’abbé Joseph Mbassi, Jeanne-Irène Atyam, Ayissi-Mvodo, pour ne lister que le peu) afin de les remplacer par des voyoux qu’il nomme «élites» par ses décrets présidentiels, le tribalisme opposait les beti aux bulu dans la haute administration.

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«Vous trompez les beti que le pouvoir de Biya est un pouvoir beti, alors que c’est un pouvoir ocidentaliste qui lèse les beti dans le partage des avantages étatiques. Un beti, André Marie Mbida, était au pouvoir dans ce pays et nous avons vu comment il augmenta le prix d’achat du cacao fèves, un bien commercial produit par les beti. Mais que voyons-nous aujourd’hui? Biya a plutôt baissé le prix du cacao… Que celui qui dit qu’il y’a un pouvoir beti à Yaounde essaie d’aller à la présidence de la République pour demander une audience afin de rencontrer son président Paul Biya avec ses problèmes pour obtenir de l’aide. Il va voir de ses propres yeux ce qui va lui arriver là-bas, si jamais il y revient vivant…», avais-je plaidé en 1993 en langue yaoundé dans une émission de Bebe’ ebuk de CRTV radio centre, la seule fois où le journaliste Jean-François Mebenga m’invita dans cette émission pour affronter le défenseur bulu de Paul Biya, Jacques Fame Ndongo qui, dans sa feuille de choux tribaliste Le Patriote, appuyé par son patriarche bulu feu Charles Assale, appelait les beti des betit (les animaux en langue bulu).

En 38 ans, le pays beti est devenu plus pauvre qu’en 1950 sous la colonisation européenne, tellement il a été défavorisé en termes de construction des routes et d’unités de production économiques, comme les coopératives paysanes sous Ahidjo, que Paul Biya a détruits systématiquement, y compris l’ONCPB sur lequel comptait la communauté beti pour survivre.

Ce régime sait très bien que les routes et les chemins de fer sont les biens publics qui lancent le développement des régions et des communautés, mais il affecte les investissements publics en routes essentiellement dans le Sud bulu et l’Ouest bamiléké, tandis qu’il abandonne le Centre beti dans sa condition d’une pauvreté pire que pendant le temps de la colonisation, comme il le fait de l’Extrêne-Nord, de l’Est ou du pays anglophone.

Les beti auraient du être le premier groupe ethnique à rejoindre la révolte des anglophones en 2016, victimes qu’ils sont de la même marginalisation dont se plaignent les anglophones.

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Malheureusement, zombifiés par le tapage des campagnes télévisées et radio-diffusées de lessivage de leurs cerveaux fondé sur une fausse menace des «anglo-bamilékés» contre leurs vies, alors même que leur vie tous les jours avec les anglophones et les bamiléké ne leur montre aucune menace depuis plus de cent ans de coexistence, ils sont comme paralysés, incapables de se soulever pour réclamer leurs parts des investissements publics.

Ils sont plutôt trompés par les miettes que sont les petits emplois dans l’administration publique, obtenus après avoir sacrifié et livré leurs filles à la prostitution auprès des «élites», quand ils ne leur tendent pas leur propre anus, mais dont les salaires sont coupés et réduits par Biya au point de leur payer aujourd’hui 30% du salaire de 1993, afin de les laisser vivre uniquement de la corruption et de les présenter comme la face tribale hideuse du régime Biya.

Pourtant, les salaires ne développent pas une région. Ce sont plutôt les investissements qui créent les emplois, mieux rémunérés que ceux d’un État françafricain pourri, et développent les communautés et les régions.

Mais, experts en manipulation des beti, Paul Biya et ses «élites», à travers leurs pions comme Maurice Kamto aujourd’hui, et hier Sindjoun Pokam, Shanda Tomne et les journaux de la «sainte trinité» (Le Messager, la Nouvelle Expression et Challende Hebdo) financés par ce régime, parviennent à présenter le goupe ethnique bamiléké comme la plus grande victime du pays, afin de plus tard présenter Paul Biya comme le meilleur dirigeant qui les favorise et qui «ne reste pas au pouvoir qui veut, mais qui peut».

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Alors même que le dépouillement de l’État mangeoire LRC s’effectue par deux acteurs principaux, à savoir l’«élite» corrompue occupant une fonction publique et le corrupteur bamiléké qui est, avec le français et le chinois, bénéficiaire des marchés d’investissements publics surfacturés ou fictfs, les pauvres beti sont présentés comme les boucs émissaires de ce régime françafricain de leur malédiction.

Malheureusement, le petit peuple des pauvres beti, qui voit le contraire tous les jours, en arrive à croire un tel mensonge du régime Biya et de ses relais, comme ceux du MRC et de la BAS, pour rester tranquille chez lui, alors que, marginalisé, la pauvreté le ronge de plus en plus, et le péril se prépare contre lui après la mort de Paul Biya, quand il sera étiqueté par des génocideurs comme ses complices.

Images: 1) Village beti après 38 de règne de Biya, 2) un beti de Douala raconte comment les gendarmes ont tué son fils froidement à cet endroit parce qu’il n’avait pas l’argent de corruption qu’ils demandaient pour le libérer pendant le «commandement opérationnel» de Biya, 3) le corps d’une fille beti trouvé un matin a Mimboman avec des organes emportés, et 4) le corps d’un beti, Mgr Balla, eveque de Bafia, jeté dans la Sanaga par les hommes de Biya parce qu’il s’opposait a la sodomisation des étudiants de son petit séminaire par les membres du régime Biya.

Ndzana Seme, 29/04/2020.

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