Cameroun : « Droit, justice et dignité pour Maurice Kamto »-Une trentaine de juristes le soutiennent

0 258

Cameroun : « Droit, justice et dignité pour Maurice Kamto »

Une trentaine de juristes soutiennent l’opposant incarcéré depuis le 28 janvier et placé en détention provisoire « pour une durée initiale de six mois ».

Le 28 janvier, deux jours après la « marche blanche » organisée pour contester pacifiquement le résultat officiel de l’élection présidentielle au Cameroun, le professeur Maurice Kamto est interpellé à Douala avec plusieurs dizaines de personnes. Il est par la suite transféré à Yaoundé et placé par un préfet en « garde à vue administrative », au sein du Groupement spécial d’opérations (GSO), un service dépendant de la délégation générale à la sûreté nationale spécifiquement chargé des opérations contre les commandos, groupes terroristes ou autres bandes organisées de malfaiteurs. Détenu pendant quinze jours au secret, dans des conditions humanitaires exécrables et dégradantes, Maurice Kamto est finalement présenté le 12 février, avec 160 autres personnes, au tribunal militaire de Yaoundé.

Le colonel magistrat de cette juridiction d’exception rend de multiples ordonnances d’emprisonnement, sous des chefs d’inculpation tels que ceux d’« insurrection, hostilités contre la patrie, rébellion, dégradation de biens publics ou classés, outrage au président de la République, réunion et manifestation, attroupement, caractère politique, destruction et complicité des mêmes faits ». Dans les localités où des marches ont pu se déployer, des vidéos témoignent des brutalités auxquelles les forces de l’ordre se sont livrées pour les empêcher, alors même qu’elles se sont déroulées de manière strictement pacifique.

Un juriste de droit international reconnu
De même, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le parti politique dont Maurice Kamto a été le fondateur et candidat à l’élection présidentielle, a nié toute responsabilité dans le saccage de certains services diplomatiques du Cameroun à l’étranger, qu’il a condamné sans ambiguïté. Comme nombre de ses partisans, Maurice Kamto n’est pourtant pas épargné par le juge militaire qui l’a placé en détention provisoire « pour une durée initiale de six mois », soit jusqu’au 11 août. Maurice Kamto est actuellement incarcéré à la prison centrale de Kondengui, connue pour les conditions de détention effroyables qui y règnent.

Lire aussi:   BIYA PAUL ET LES ACTIVISTES / UN FACE A FACE VIOLENT A GENEVE / PART 1

Les personnes dont les noms suivent ont signé cette tribune à titre personnel : Geneviève Bastid-Burdeau, professeure émérite, université Paris I (Panthéon Sorbonne) ; Laurence Boisson de Chazournes, professeure, faculté de droit de l’université de Genève ; Enrique Candioti, ancien ambassadeur d’Argentine ; Sarah Cleveland, Louis Henkin Professor of Human and Constitutional Rights, Columbia University Law School ; Luigi Condorelli, professeur émérite, faculté de droit de l’université de Genève ; Olivier Corten, professeur, université libre de Bruxelles ; Jean-Paul Costa, ancien président de la Cour européenne des droits de l’homme ; Jean-Pierre Cot, ancien ministre français de la coopération ; Yves Daudet, président du curatorium de l’académie de droit international de La Haye ; Eric Diamantis, avocat, Clyde & Co ; John Dugard, professeur émérite, universités de Leiden et de Witwatersrand ; Mathias Forteau, professeur de droit international, université Paris Nanterre ; Dame Rosalyn Higgins, Queen’s Counsel ; Luis M. Hinojosa-Martínez, professeur de droit international et européen, université de Grenade ; Catherine Kessedjian, présidente de la branche française de l’Association de droit international (ILA) ; Pierre Klein, professeur, université libre de Bruxelles ; Marcelo Kohen, secrétaire général de l’Institut de droit international ; Franck Latty, secrétaire général de la branche française de l’Association de droit international (ILA) ; Philippe Leboulanger, avocat, Leboulanger et Associés ; Ahmed Mahiou, membre de l’Institut de droit international ; Don MacRae, professeur émérite, faculté de droit, université d’Ottawa ; Sean Murphy, professeur, Georgetown Washington University ; Alain Pellet, président de la Société française pour le droit international ; Michel Prieur, professeur émérite, université de Limoges ; Jean Salmon, professeur émérite, université libre de Bruxelles ; Philippe Sands, professeur, University College de Londres ; William Schabas, professeur à la Middlesex University de Londres ; Jean-Marc Thouvenin, professeur, université Paris Nanterre ; Christian Tomuschat, professeur émérite, université Humboldt de Berlin ; Sébastien Touzé, professeur, université Paris II (Panthéon Assas) ; Peter D. Trooboff, membre du curatorium de l’académie de droit international de La Haye (1991-2019) ; Eduardo Valencia-Ospina, président de la Commission du droit international des Nations unies.

Lire aussi:   POUR LE PORTE PAROLE DU CCT BIYA PAUL DOIT PARTIR PAR TOUS LES MOYENS ACTE

Source: LE MONDE

commentaires
Loading...