Récurrence des agressions des avocats: Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats au Barreau du Cameroun

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COMMUNIQUE DU BATONNIER RELATIF A L’AGRESSION SAUVAGE DES AVOCATS EN PLEIN EXERCICE DE LEURS FONCTIONS PAR DES OFFICIERS DE POLICE JUDICIAIRE EN SERVICE A LA GENDARMERIE

Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats au Barreau du Cameroun a appris avec consternation l’agression sauvage dans la journée du 22 février 2018 de Me Paul ABOYOYO, Avocat exerçant à Yaoundé par un groupe de gendarmes du groupement de compagnies de Yaoundé, ce sous l’instigation de Madame le Chef d’escadron DEWAH Anastasie commandant en second, de cette unité.

En effet, selon les premières informations portées à la connaissance du Bâtonnier de l’Ordre par le Président de la Commission des Droits de l’Homme du Barreau, les gendarmes n’auraient pas apprécié la présence dans « leurs » murs d’un Avocat venu assister sa cliente mise en cause dans une affaire dans laquelle les OPJ indexés exigeaient d’elle, un règlement en espèces sonnantes et trébuchantes en faveur du plaignant, ceci en violation ouverte des intérêts de la justice au stade de l’enquête préliminaire où il est notamment exigé des OPJ un devoir absolu de neutralité !

Après avoir affublé l’Avocat d’injures sous la conduite des opérations de Madame le commandant en second de l’unité, les gendarmes solidaires du plaignant l’ont roué de coups, pour finir par le jeter inconscient hors de l’unité de gendarmerie, d’où il sera fortuitement reconnu puis conduit aux Urgences de l’Hôpital Central par un confrère de passage.

Sous réserve, du certificat médical définitif, Me ABOYOYO, s’en est tiré avec de multiples traumatismes pectoraux, dorsaux et crâniens y compris une entorse du membre inférieur droit.

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Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats a d’ores et déjà saisi les autorités compétentes, sans préjudice des responsabilités que la Justice établira à la suite de la plainte du Confrère victime.

Avant même que le Ministre de la Défense ait réagi à la correspondance du Bâtonnier soussigné, ce dernier a de nouveau été informé le 08 mars 2018, de l’agression puis de la séquestration de Me BILOA Simon, Avocat à Yaoundé, par le Commandant de Brigade de gendarmerie de Nkolondom.

Tout en condamnant avec véhémence ces graves et volontaires entraves à l’exercice professionnel de l’Avocat, le Bâtonnier relève que ces violations atteignent déjà le seuil de l’intolérable, en ce qu’elles s’attaquent non seulement à l’intégrité physique et à la dignité de l’Avocat, mais surtout prennent en otage les droits et garanties reconnues aux personnes sous enquêtes préliminaires.

Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats craint qu’une telle situation ne se généralise si elle devait rester impunie, et exige d’ores et déjà des poursuites disciplinaires contre tous les auteurs de ces menaces aux droits des suspects.

De fait, de telles forfaitures, si elles devaient se renouveler, ne seraient que de nature à promouvoir la corruption en annihilant le rôle des Avocats, outre qu’elles appelleraient nécessairement une réaction extrêmement forte du Conseil de l’Ordre, pouvant aller de l’organisation de manifestations sur l’ensemble du territoire, jusqu’à la suspension du port de la robe.

Au demeurant, le Bâtonnier rappelle que les Principes de base des Nations Unies relatifs au rôle du Barreau, prescrivent aux Etats le devoir de protection des Avocats par les Autorités lorsque, comme en l’espèce, leur sécurité est menacée dans l’exercice de leur profession.

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Le Bâtonnier exige que les personnes en charge de la supervision des enquêtes préliminaires prennent toutes les dispositions pour que cessent définitivement les atteintes à l’intégrité physique des Avocats dans les brigades de gendarmerie et les commissariats de police.

Yaoundé le 09 mars 2018
Le Bâtonnier de l’Ordre
Me J. NGNIE KAMGA

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