Immortalité : Jacques le Balzac de Nkolandom confirme- Entre l’obom des Seigneurs de la forêt et la toge des Immortels de la coupole le cœur balance

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Jacques Fame Ndongo sera- t-il le premier fils de la forêt équatoriale à faire son entrée dans la vénérable institution? Sera -t-il le nouvel immortel ? Voilà une question qui taraude depuis un certain temps certains esprits à Yaoundé. Ceux qui en doutait encore ont été rassurés en cette fin de semaine sur le sérieux de la candidature du Balzac de Nkolandom au cercle extrêmement fermé des immortels de l’académie Française.

Pour rappel, dans son édition du 29 mai 2019 Cameroon tribune, publie une interview du Professeur Jacques Fame Ndongo notre sémillant ministre de l’enseignement supérieur et chancelier des ordres académiques relative à la reprise académique après deux mois de confinement dû à l’émergence de la COVID-19. De ce chef d’œuvre de dithyrambes et de grandiloquence du genre “ des solutions endogènes sont identifiées par les Universités, pour résoudre ces problèmes pécuniaires, en attendant un appui exogène, si tant est que la haute hiérarchie le juge opportun, en fonction de la situation macro-économique et des arbitrages régaliens”, on retiendra que “ les mesures–barrières seront scrupuleusement respectées”.

Trahi par une transcription malheureuse, notre Jacques, le Rabelais de la forêt équatoriale n’en fit pas grand cas. Silencieusement, le traducteur en français de Nnanga Kon, le premier roman camerounais avala cette couleuvre et ira s’adonner à ses autres plaisirs. C’est ainsi qu’à la faveur de deux vidéos devenues virales, les Mbéatoniens vont lui découvrir des talents de danseur à faire pâlir de jalousie Bill Robinson alias Bojangles, Fred Astaire et Sammy Davis Jr. pour ne citer que ces grands maîtres. Un génie pluridimensionnel notre “ producteur de cacao ”.

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Le Zomloa Fame Ndongo et son collègue

Pendant que la quasi-totalité des publications physiques ou en ligne avaient opté pour l’utilisation de « mesures barrières », Cameroon tribune avec par exemple l’article titré Respect des mesures-barrières : l’appel à l’éveil dans l’édition du 9 octobre 2020, sous la plume de Rabiyatou Mana continuera à entretenir la confusion. Au moment de ce papier, ce vocable n’y serait plus utilisé comme l’atteste le titre Mesures barrières : pas de défilé le 11 février, article signé par Carine Tsiele le 8 Février 2021. Entre-temps la confusion s’est établie. Il faudra attendre le 3 mars 2021 pour que notre immortel, selon le tamtam du créateur des créatures, après avoir été interpellé en ces termes ; “mesures-barrières”, “mesures barrières” ou “mesures barrières ?”, se fende d’une leçon magistrale qui met un terme à la polémique.

Sous l’intitulé La problématique du pluriel et du trait d’union : faut-il écrire “ mesures-barrières”, “ mesures barrière” ou “mesures barrières” ? et à l’aide d’une puissante analyse incrémentale, le Nzomloa de Nkolandom questionne le graphème de cet archi-lexème, visite ses usages et s’appuyant sur le principe de l’unité lexicale et sémantique conclut “ Il est donc correct d’écrire, au pluriel : “les mesures barrières”. Le nom “ barrière” se mue, ainsi mutatis mutandis, en substantif adjective revêtant, dans le cas d’espèce, la fonction d’épithète (après un effacement du pronom relatif “qui” et de la copule, c’est à dire la racine infinitive du verbe “générer””. Du grand art !

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Dans son édition du vendredi 5 mars 2021, le même Cameroun tribune rappelle à la mobilisation générale dans la lutte contre le coronavirus. En effet dans une déclaration spéciale le Premier Ministre, John Nguté,reconnaît que “ En dépit des efforts accomplis pour juguler la progression du COVID-19 dans notre pays, l’on a observé ces dernières semaines un regain de la pandémie dans plusieurs de nos villes … Tout porte à croire que la détérioration de la situation épidémiologique que nous observons aujourd’hui, est en grande partie due au relâchement dans l’application des gestes barrières, et au non respect des mesures de restriction prises le 17 mars 2020, dont certaines sont encore en vigueur ”. Entre autres décisions le Premier Ministre arrête que “Le respect des mesures barrières doit être de mise en toute circonstance et en tout lieu, y compris dans les marchés ouverts et les lieux de rencontre, tels que les gares routières, les points de ramassage des taxis et mototaxis, ainsi que dans les transports en commun”. Quelque part également dans ce même document il dira “ J’insiste tout particulièrement sur l’impérieuse nécessité de respecter rigoureusement la limite de cinquante (50) personnes ainsi que les mesures barrières, lors des réunions, cérémonies, évènements et autres manifestions ayant un caractère officiel ou privé, en particulier lorsque ces rencontres ont lieu dans des endroits clos, afin d’éviter l’émergence des clusters”.

Par deux fois donc, dans cette déclaration il est écrit “ mesures barrières”. Atanga Nji qui ne manque pas une occasion de contredire, faire ombrage ou chercher à voler la vedette au Premier Ministre vient également de se fendre d’un communiqué où il est écrit “mesures barrières”. La leçon du sémioticien le plus capé de la forêt équatoriale a porté.

Cette maestria dont vient de faire preuve le Secrétaire général-adjoint du comité central du RDPC en rajoute à son déjà impressionnant dossier de candidature à l’académie française déposé par les « Amis de Jacques » après qu’ils se sont réunis au Nkolandom Tourist Center tout récemment. Bien que non déclarés, cinq fauteuils sont vacants à l’institution du 23 Quai de Conti à Paris. C’est dire que la chance de notre grammairien national de s’asseoir sur l’un des fauteuils des quarante est plus grande que celle de Charlemagne Messanga Nyamding d’être nommé ministre.

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Car plus ancré que Jacques sur le socle granitique de la grammaire et de la sémiologie comparative, il n’y en a pas au Sud du Sahara. A 70 ans sonné, le sémiologue aux vers déformants, l’ancien écolier de la Sil de Ma’anmezam, et des écoles de Yingui, Bipindi et Mvengue, ce gourou d’efficacité dans le discours est un infatigable spécialiste des sorties attentatoires, et aussi féministe dans ses heures perdues à en croire son recueil de poème Espaces de Lumière. Eloge de l’afritude. Ed. Presses universitaires de Yaoundé, 2000 dans lequel il nous promènent dans les gîtes antiques de l’Africaine éternelle. Jacques est ainsi en attente de consécration. D’ailleurs, il aurait toutes ses chances avec lui du fait que la limite d’âge d’entre sous la coupole est de 75. Mais le temps presse. L’écrivain Jacques sera t-il élu à l’Académie française ? Quelles sont ses chances réelles? Quels sont les Immortels qui pourraient parrainer sa candidature ?De qui occupera t-il le fauteuil ? Tant on sait que l’institution fondée par Richelieu en 1635, chargée de veiller au respect de la langue française et d’en composer le dictionnaire dont les statuts n’imposent aucune condition de titre, ni de nationalité compte environ 5 fauteuils vacants.

Bien au-delà de ces épîtres, les œuvres ci-dessous plaident en faveur de sa candidature. plus ancré que Jacques sur le socle granitique de la grammaire et de la sémiologie comparative, il n’y en a pas au Sud du Sahara. Il pourra, qui sait, compter sur l’appui de ses amis français, dont l’un, est un ancien premier ministre dont tout le monde se souviens de la photo sur laquelle notre Jacques national lui présentait ses révérences. Plus encore, la sortie du futur collègue de D. Bona est une contribution majeure à la langue française en ce sens qu’elle participe en la complétant à une réflexion qui avait été confiée au Conseil supérieur de la langue française en 1989 et qui portait sur cinq points précis concernant l’orthographe dont notamment le trait d’union et le pluriel des mots composés. De la réponse des Immortels parue dans le Journal officiel du 6 décembre 1990, il est prescrit que le pluriel des mots composés du type pèse-lettre suivront au pluriel la règle des mots simples (des pèse-lettres). Sans plus. Jacques a fait mieux et mérite d’être reçu sous la coupole où son habit vert d’académicien, bicorne, cape et épée viendront en rajouter à l’apparat de son Obom en fibres de raphia attribut de son titre de Nzomloa dans la Mvila.

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Bien évidemment comme il fallait s’y attendre, cette lumière que nous a apporté notre Prométhée masculin n’a pas été du goût de tous. Parmi les réactions les plus virulentes, celle de Christian Penda Ekoka qui affirme “ Si les responsables publics français perdaient autant de temps dans la syntaxe et la grammaire de leur langue, ils n’auraient pas d’infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques, portuaires, sanitaires, etc. Ils n’auraient fabriqué ni voitures ni TGV. Ils seraient… simplement sous-développés. Les Camerounais meurent de Covid à un rythme accéléré, et un ministre – et pas le moindre- trouve le temps de disserter sur le trait d’union entre “mesures” et “barrières”. Continuons à faire du pédantisme avec la langue des autres. De vrais illuminés.” D’ailleurs le cercle des amis de Jacques parle de jalousie et de campagne de dénigrement du futur Immortel, à l’heure où le Cameroun tout entier devrait se mettre derrière lui comme un seul homme. Faire de Jacques Fame Ndongo le premier fils de la forêt équatoriale à faire son entrée dans la vénérable institution.

A ces aigris notre chancelier des ordres académiques avec son anglais shakespearien répond, “weti yu go dou” ? et puis comme son ami Malachie, il est heureux. Le champagne vrai ou faux est au frais et n’attend plus que l’annonce de l’immortalité de notre Jacques. Ce sera tout à son honneur et à celui de son créateur. 

Comme précise l’ internaute Paul Bertrand Etoutou sur la page de notre Jacques “On peut ne pas aimer le politicien FAME NDONGO. Mais en ce qui concerne sa plume, on peut être fier d’avoir un littéraire Camerounais de très haut niveau “. On rêve déjà du discours de réception de notre Jacques national sous la coupole, mais aussi on l’imagine dans une tenue autre que celle des tenues Cicam du Rdpc , on imagine l’Immortel Jacques drapé de son costume d’habit vert en drap bleu foncé ou noir, brodé de rameaux d’olivier vert et portant son épée emblème de sa personnalité et commun à tous les membres de l’Institut de France. Et comme on dit chez nous à Mengoñô-Mekalat  : « Mayi fo n’a ekwoui nala».

David Manga Essala

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