Léçon psychiatrique du journaliste Jean François Channon à Calixthe Beyala

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LE JOURNALISTE JEAN FRANÇOIS CHANNON RÉPOND À CALIXTHE BEYALA

Madame Beyala,

Le président du Cameroun, celui d’hier, et celui de nos jours que certains, pour leurs intérêts égoïstes souhaitent éternel, est manipulé depuis des lustres par les puissances étrangères. La France, votre France en particulier. Avez vous dénoncé cela?

Avez vous dénoncé tout ce que cette France a fait chez nous à travers nos chefs d’Etat? Pourquoi s’en prendre aussi violemment à un diplomate qui a émis un avis? Mais dites donc, vous avez vu dans quel état est notre, votre pays le Cameroun? Les ordures partout dans notre cité capitale? Les hôpitaux publics qui ne fonctionnent plus, au point ou chaque ponte du régime qui tombe malade est nécessairement évacué vers l’Occident. Les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur des universités camerounaises, et de parents pauvres n’ont plus aucun accès à des fonctions publics de pouvoir s’ils ne sont pas cooptés. Les élections au Cameroun depuis trois décennies sont des pièges à cons, processus au cours desquels ont sait qui va gagner.

Mais qui voulez vous convaincre sincèrement chère madame que le Cameroun a encore un peuple capable de choisir librement, selon des règles démocratiques ses dirigeants, dont le président de la République?

On comprend que vous avez des comptes à régler à vos amis occidentaux. Vous avez appelé à voter pour Hollande, vous avez vu le mépris constant que ce monsieur a eu pour le président du Cameroun, “notre cher Paul Biya”, tout au long de son mandant?

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Le président Paul Biya et la romancière Calixthe Beyala

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S’il vous plait, le Cameroun a besoin d’un dirigeant qui s’occupe réellement de son destin. Un dirigeant que le pays sent au travail. Paul Biya a joué sa partition. Heureusement pour certains, malheureusement pour d’autres. Mais les faits sont là: le pays est fortement divisé aujourd’hui, et notre gangrène habituelle, le tribalisme est dangereusement de retour. Les esprits sont globalement surchauffés dans cette vie camerounaise contemporaine, ceci, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest.

Désormais dans les rues de nos villes et villages, dans les marchés urbains et ruraux, au bureau dans le service public, la tendance est de savoir “tu es d’où toi”, avant de faire la moindre connaissance. Les médias ne sont pas en reste. On ne voit plus de journalistes dans les rédactions. Y compris au sein des journaux qui avaient pourtant établis leur professionnalisme, et leur objectivité, mais qui sont devenus subitement en militants politiques tribalistes, qui œuvrent au quotidien à défendre “la jacquerie tribale”, pour reprendre une expression de Mongo Beti.

Notre président, Paul Biya, pour qui nous avons tous un profond respect, du fait de son âge, de son expérience dans la haute administration camerounaise et au sommet de l’État, est un vieux monsieur qui doit entrer dans l’histoire. Entrer dans l’histoire c’est aussi savoir écouter les conseils qu’on peut lui donner.

Et les conseils ou avis que lui donne aujourd’hui l’ambassadeur des États-Unis, comme hier Koffi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations Unis, de savoir penser à se reposer en entrant dans l’histoire sont-ils si mauvais que cela chère madame Beyala? Notre président a aussi le droit au repos. Tous ceux qui sont à ses côtés ne sont pas tous pourris, comme le pense une certaine opinion au Cameroun ou ailleurs.

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Hier, Ahmadou Ahidjo a porté son choix sur Paul Biya. Le Cameroun a continué sans lui. Paul a régné, et continue de régner. Aidons le président au moment donné, à faire le bon choix: celui de laisser le Cameroun continuer sans lui. Et ce n’est pas ne pas aimer Paul Biya que de le dire.

Respectueusement chère madame.

 

Le journaliste Jean François Channon

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